Les bocages vallonnés de Thollet-Coulonges - Les Hérolles menacés par un parc éolien

"A Thollet, le chateau de La Brosse (XVème et XVIIème siècle), site remarquablement entretenu par son propriétaire et exploitant agricole, serait lourdement impacté par le projet éolien d’EDF RF (photo-montage)"

Des paysages précieux menacés de saturation

Thollet-Coulonges – Les Hérolles, sont deux communes limitrophes situées au sud-est de la Vienne aux confins des départements de l’Indre, de la Vienne et de la Haute-Vienne. Les panoramas harmonieux de bocages authentiques et pittoresques, les haies et les arbres centenaires caractérisent cette campagne vallonnée. Dans ces régions du Centre, du Limousin et du Poitou-Charente, le patrimoine architectural et culturel est en pleine redécouverte et revalorisation.

Les paysages entre Poitiers et Limoges sont envahis de parcs éoliens. C’est pourtant dans cet écrin, à proximité immédiate du Parc Naturel de la Brenne (Voir ici) et d’une zone « Natura 2000 », qu’EDF-ENR projette d’implanter un parc de 15 éoliennes (20 étaient prévues initialement).

Les éoliennes autour de Thollet-Coulonges - Les Hérolles. En noir, éoliennes existantes à Lussac-les-Eglises ; en jaune, éoliennes autorisées (dont les 15 éoliennes sous recours entourées en noir)

Ces aérogénérateurs se situeraient à 300 mètres de la vallée du Corchon (voir ici), classée comme ZNIEFF (Zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique), le ruisseau du Corchon bénéficiant lui-même des protections issues d’engagements internationaux relevant de la directive Habitats-Faune-Flore.

L’installation des 15 éoliennes d’EDF-ENR, imbriquées parmi les hameaux de Thollet-Coulonges - les Hérolles, porterait une atteinte durable à la qualité de vie des habitants comme aux paysages, à la biodiversité et à l’esthétique de ces villages dont l’histoire remonte au Moyen-Âge et bien au-delà (de la préhistoire à l’époque gallo-romaine dont des vestiges ont été mis au jour).

Les parcelles des champs sont divisées par le bocage traditionnel et le paysage est parsemé de châteaux, manoirs, ruines médiévales, anciennes abbayes et fermes typiques du Poitou et du Haut Limousin. La réalisation de ce projet créerait d’importantes covisibilités avec de nombreux sites classés et lieux touristiques de la région.

Les principaux sites concernés

Sur 1km, 5km, 10km, 15 km du projet de parc, ce bocage est jalonné de sites historiques d’où les aérogénérateurs seraient visibles jour et nuit.

A Thollet, le château du Bouchaud aurait vue sur 7 éoliennes à une distance de 570 mètres (hauteur de 180 m).

Château du Bouchaud, à Thollet, situé à 570 m du projet
Château du Bouchaud avec localisation des prises de vues suivantes
Vue 1 depuis la terrasse nord ouest
Vue 1 depuis la terrasse nord ouest (photomontage)
Vue 2 depuis la terrasse est
Vue 2 depuis la terrasse est (photomontage)

Ce site surplombe les vallées de la Benaize, un affluent de l’Anglin et serait en vue de 7 éoliennes.

Dans la petite église Notre-Dame de Thollet, inscrite en 1993 parmi les monuments historiques pour sa charpente, une équipe de restaurateurs a découvert des fresques du XIVe siècle. La nef et le chœur sont romans. Sur le glacis d’un contrefort du mur sud de la nef, il est possible de découvrir un cadran solaire qui daterait du Moyen Âge. Les peintures sont de la même époque.

Les vues admirables sur le vallon de Thollet depuis les châteaux du Bouchaud et de Régnier seraient polluées par les éoliennes.

Château le Pin XIIe, XVIIe et XIXe siècles à Coulonges les Hérolles, situé à 1000 m du projet

Aux Hérolles, le château du Pin, inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 14 octobre 2002 (voir ici) avec sa tour du XIIe siècle, aurait vue sur 6 éoliennes à 1000 m, le Manoir des Bruyères du XVIIIe siècle serait quant à lui entouré de 4 éoliennes à 580 m.

Manoir "Les Bruyères" du XVIIIe siècle situé à 580 m du projet (avant)
Manoir "Les Bruyères" situé à 580 m du projet (photomontage après)

Chaque paroisse a conservé son église romane : l’église Saint-Pierre de la Trimouille (sarcophage du XIVe et un bénitier gallo-romain). Datant des XIIe et XVe siècles, elle est inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1937.

L’église de Coulonges, inscrite au titre des monuments historiques en 1937, serait littéralement encerclée d’éoliennes. A l’horizon, à 6 km, 6 éoliennes déjà édifiées à Lussac-les-Eglises

Le pigeonnier du logis seigneurial de Saint-Martin-le-Mault (87) sera impacté par le projet éolien. Il avait d’ailleurs été cité dans l’arrêté de refus des permis de construire du 7 janvier 2016 en raison d’intervisibilités avec les 20 éoliennes d’origine.

Pigeonnier du logis seigneurial de Saint-Martin-le-Mault situé à 6 km du projet

À la Jonchère, sur le chemin du Bouchaud, un gros châtaignier date de la Révolution française. L’église de Coulonges dont les cloches viennent d’être réparées, a vu son portail du XVe siècle récemment restauré.

A 5 km, se trouvent, à Journet, l’abbaye de Villesalem du XIIe siècle, classée au titre des monuments historiques en 1914 et 1995 (voir ici)

Abbaye de Villesalem du XIIe siècle située à 5 km du projet

Toujours à 5 km, à Lignac, se situe l’étonnant château "Guillaume", classé au titre des monuments historiques dès 1862 (voir ici). Construit aux XIe et XIIe siècles, il appartenait à Guillaume X, duc d’Aquitaine et père d’Aliénor. Son donjon roman du XIe siècle a été agrandi au XIIIe siècle.

Château Guillaume à Lignac, classé au titre des monuments historiques par la liste de 1862 et situé à 5 km du projet

A 20 km dans l’axe ouest du projet, les éoliennes seraient visibles des hauteurs de la Cité de l’écrit de Montmorillon, et à 23 km à l’Est, visibles depuis la Cité Médiévale de Saint-Benoit-du-Sault.

Château de Bourg Archambault XVe siècle, inscrit et classé au titre des monuments historiques en 1927 et 1986, situé à 10 km du projet

Conclusion

L’architecture de ces villages témoigne de l’influence du Poitou et du Berry, avec leurs traditions populaires et leurs coutumes. L’authenticité préservée de ces villages, de ces hameaux, de ces bocages parsemés de troupeaux de brebis et de bovins serait complètement dévalorisée si on y implantait ces machines industrielles.
Les sentiers pédestres et forestiers perdraient leur caractère naturel et leur attrait touristique dont le département de la Vienne fait une grande promotion nationale depuis quelques années. C’est une région pleine de ressources paysagères, et c’est pourquoi nous vous demandons de la protéger, en refusant ce projet éolien.

Les caractéristiques paysagères rurales et bocagères des terres de Thollet-Coulonges-les Hérolles avec leurs panoramas harmonieux sont à protéger en tant que patrimoine national. Préserver et restaurer la richesse et la diversité du patrimoine rural bâti et paysager de Thollet-Coulonges-les-Hérolles est sans aucun doute un facteur de développement plus valable que ce projet éolien.

François Pays, trésorier de l’association Vent de Raison, adhérente de Sites & Monuments