La maison de la culture de Bourges menacée

Maison de la culture de Bourges peu après son inauguration. Carte postale des années 60.

La « première » Maison de la Culture de Bourges fut inaugurée en 1965 dans un bâtiment « Art-déco » aujourd’hui inscrit au titre des monuments historiques, conçu en 1936 par l’architecte Marcel Pinon (1900-1969) associé au sculpteur François Popineau (1887-1951). Elle a été le centre, durant près de 50 ans, de la vie culturelle berruyère et a assuré, avec le Printemps de Bourges, un plus grand rayonnement de la Ville. N’a-t-elle pas été inaugurée par le Général de Gaulle lui-même ? André Malraux n’y a-t-il pas prononcé un discours mémorable ?

Inauguration de la maison de la culture de Bourges, le 14 mai 1965, par le Général de Gaulle et André Malraux

En 2011, pour satisfaire aux conditions de sécurité et d’adaptabilité nouvelles, un projet de restructuration totale fut adopté à l’unanimité par le Conseil municipal (Serge Lepeltier étant maire), avec un coût de travaux de 19 303 000 euros devant être réalisés de fin 2011 à fin 2013.

François Popineau (1887-1951). Fronton (partie droite) de la maison de la culture de Bourges (1936) : le chant "au pays du Berry"

On peut légitimement s’interroger sur le coût, prohibitif, des fouilles, et sur l’engagement prématuré des travaux sur les bâtiments, entraînant leur fissuration. Sept millions furent ainsi dépensés en pure perte puisque le retard du chantier fit perdre la subvention européenne (FEDER), ce qui conduisit, en février 2013, à l’abandon pur et simple du bâtiment historique.

Fissuration du bâtiment de la maison de la culture de Bourges consécutive aux travaux

Ensuite, sans concertation avec les Berruyers, et plutôt que d’affronter les difficultés inhérentes à un chantier complexe, quelques élus et responsables culturels eurent l’idée d’une construction nouvelle dite « Maison de la Culture du XXIe siècle », sans définir le contenu d’un concept qui semble vide de sens… Et cela sur un site urbain arboré légué par le XVIIe siècle que toutes les générations d’habitants s’approprient.

Ce projet néfaste prétend abandonner, au point culminant du centre-ville, le deuxième symbole de la ville, après la cathédrale Saint-Etienne, pour n’en faire qu’une friche (durant combien de décennies ?). Il manque également une occasion de mettre en valeur les vestiges des termes gallo-romains dégagés en les intégrant à la maison de la culture rénovée, et en y exposant les fragments monumentaux découverts lors des fouilles précédentes, projet qui ferait naître un équipement public remarquable.

Maison de la Culture de Bourges en chantier. Photo : Le Berry

Le nouveau projet, encore incomplet, est en outre évalué à 36 millions d’euros alors qu’il aurait une capacité moindre (700 places pour la nouvelle salle au lieu des 1000 places de l’ancienne) !

Dès juillet 2013, une contre-proposition a démontré qu’il était possible de réutiliser le bâtiment historique et d’y créer le lieu de vie urbaine et de rencontres qui fait défaut à Bourges. Les partisans de cette alternative de conservation architecturale et de mise en valeur culturelle comme archéologique du site ont été critiqués dans les médias locaux, alors qu’ils souhaitaient faire naître un débat démocratique.

Vestiges des thermes gallo-romains dans l’enceinte de la maison de la culture de Bourges. Photo : Le Berry

Les Berruyers ont légitimement réagi devant la décision d’abattre (sans l’autorisation de l’Architecte des Bâtiments de France), dans un premier temps, 82 arbres en contrebas de la place Séraucourt, pour permettre des sondages archéologiques. Quant à l’implantation du futur bâtiment neuf, elle exigerait d’abattre de plus nombreux arbres encore !

1. Cathédrale Saint-Etienne (MH, UNESCO) - 2. La maison de la culture - 3. Le "Château d’eau" (ISMH) - 4. Terrain arboré de Séraucourt où serait construite la nouvelle maison de la culture

Le collectif, spontanément créé, totalement apolitique, mêle des citoyens berruyers de tous horizons, jeunes (étudiants ou non) et moins jeunes, tous scandalisés par la gestion de ce dossier, en négation de l’histoire culturelle et architecturale, de l’urbanisme, de l’environnement et d’un usage pertinent des deniers publics.

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