Le projet éolien de Monsures annulé grâce aux chiroptères

Vue aérienne de Monsures et ses environs

Depuis plus de dix ans, le plateau picard s’est couvert d’éoliennes. La Somme est ainsi devenue le département français avec le plus grand nombre de machines : ainsi dans un rayon de vingt kilomètres autour de Monsures, on en comptait 362, existantes ou en projet en septembre 2021.

362 dont 12 dans les deux villages voisins surplombant celui de Monsures et construites en 2019. La photo ci-dessous rend compte de cet existant.

Les douze éoliennes installées en 2019 dans deux villages en surplomb de Monsures.

Le projet éolien de Monsures consistait à ajouter sept machines entre la limite du bois et les lignes d’éoliennes déjà en place.

Le village à la frontière de la Somme et de l’Oise est doté des restes d’un château médiéval et d’une demeure des XVIIIe et XIXe siècles, inscrits au titre des Monuments historiques.

Châteaux des XVe et XVIIIe siècles inscrits au titre des Monuments historiques.

Un recours contre ce projet éolien autorisé par la préfecture a été déposé en 2018, avec le soutien de deux associations, dont Sites & Monuments (voir l’article) ; un premier jugement a été rendu par le tribunal d’Amiens en 2020 demandant au promoteur de régulariser trois points, dont celui de se conformer au nouvel avis de l’autorité environnementale (MRAE), beaucoup plus critique que l’avis initial de la DREAL.

Après une nouvelle enquête publique en 2021, un deuxième jugement a été rendu le 16 juin 2022, qui annule en fin de compte les deux arrêtés de la préfecture.

La raison ? La préservation des chiroptères, dont les dernières études scientifiques, citées par la rapporteure publique, font état de diminutions considérables de la population de certaines espèces locales (noctule commune, noctule de Leisler, pipistrelle de Kuhl, de Nathusius ou commune …).

Le muséum national d’histoire naturelle, par son étude de juillet 2020, ainsi que l’évolution récente de la recherche scientifique naturaliste concourent ainsi par leurs travaux à la préservation des paysages et du patrimoine, objet de Sites & Monuments.

Le promoteur Valeco, racheté en 2019 par l’entreprise allemande EnBw, fera-t-il appel de la décision du Tribunal ou abandonnera-t-il… pour d’autres horizons ?

Hugues d’Hautefeuille, délégué adjoint de la Somme

Lire notre article de septembre 2018