Dans le pays de Vitré (Ile-et-Vilaine), à Val d’Izé, le mât de mesure du projet éolien Eolizé a été installé fin mars 2025.

Ce parc éolien, composé de cinq ou six éoliennes de plus de 180 mètres de haut, oppose la mairie de Val d’Izé à tout un ensemble de parties prenantes et notamment aux riverains regroupés dans l’Association de Défense de l’Environnement et du Patrimoine du Val d’Izé (ADEPV).
Le paysage a ici été façonné autour du château du Bois-Cornillé, qui remonte à la deuxième moitié du XVe siècle. Il appartenait alors à Pierre Landais, trésorier et receveur général du Duché de Bretagne. Acquis par la famille de Kernier en 1832, il fut remodelé, de 1883 à 1887, par les architectes Jules et Henri Mellet, dans un style néo-gothique. De l’époque médiévale subsiste la Tour Goyon, en moellons de grès, sur la façade principale. Le parc à l’anglaise fut réalisé par l’architecte paysagiste Denis Bühler en 1876. Le jardin classique, jouxtant le château au nord, fut conçu en 1902 pour Jacques de Kernier par l’architecte paysagiste Edouard André.
Ce parc éolien porterait directement atteinte à :
- La qualité de vie de nombreux riverains (près de 800 pétitionnaires ont manifesté leur opposition), plusieurs étant situés à seulement 500 mètres du projet ;
- Un espace de biodiversité situé entre deux zones humides (les pales constitueraient « un mur tueur » pour les oiseaux et les chiroptères, tandis que les vibrations des socles en béton perturberaient la vie souterraine) ;
- Aux paysages associés au bourg et aux hameaux, en produisant notamment un effet d’écrasement perceptible à plusieurs kilomètres à la ronde ;
- Plusieurs élevages de bovins, pour lesquels un ensemble de nuisances spécifiques commence à être mieux diagnostiqué et reconnu ;
- Au parc paysager du Bois-Cornillé (inscrit au titre des monuments historiques, labellisé Jardin Remarquable), lieu de tourisme incontournable du Pays de Vitré. Le site est, par ailleurs, répertorié dans l’Atlas du patrimoine comme site pittoresque. Ce parc paysager offre à ses nombreux visiteurs une expérience « immersive » unique en raison de larges perspectives ouvertes sur la campagne.
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Un parc éolien situé à 1000 mètres des limites du parc protégé et à 1600 mètres du parcours de visite aurait pour effet de détruire cet effet de plénitude dans un espace protégé encore exempt de tout édifice rompant l’harmonie savamment pensée notamment par les paysagistes Denis Bühler et Edouard André (aucun poteau téléphonique ou électrique par exemple). Les détails d’architecture, le travail de composition des lisières arborées deviendraient totalement insignifiants et illisibles confrontés à la masse des aérogénérateurs d’une hauteur équivalente à celle de la Tour Montparnasse à Paris.
L’architecte des bâtiments de France en charge du secteur a immédiatement signalé que l’endroit choisi pour le parc éolien n’était pas compatible avec les objectifs de préservation du patrimoine dont il a la charge. Sa prise de position est notamment relayée par la Demeure Historique, Les amis de Vitré, l’Association des parcs et Jardins de Bretagne, et Sites & Monuments. Nous avons saisi l’Inspecteur des Sites, également concerné.
L’Association de Défense de l’Environnement et du Patrimoine du Val d’Izé (ADEPV) s’est mobilisée dès que les premiers éléments du projet sont apparus dans le bulletin municipal. Avec un certain succès, puisque, dans son éditorial de janvier 2025, le maire de Val d’Izé écrit : « Le dossier de l’éolien Izéen avance à son rythme. C’est un sujet malheureusement devenu polémique, ce que je regrette ».
Mais comment ce maire a-t-il mené sa commune dans cette situation inextricable ? Sous l’angle de la gouvernance, la situation est caricaturale.
Accusé par bon nombre de ses concitoyens de brader l’attractivité de sa commune au profit des promoteurs éoliens, le maire s’étonne qu’on lui reproche de céder aux mirages financiers, faiblesse qui pourrait être excusée dans le cas d’une commune rurale située dans un territoire notoirement défavorisé.
Nos édiles ont du mal à appréhender des éléments « immatériels » tels que la préservation des sites et l’agrément visuel, qui sont pourtant des éléments essentiels de l’attractivité territoriale de la commune pour les générations futures.
Lors de l’étude d’un projet éolien, nous demandons de « tout évaluer », de l’impact sur les paysages à celui sur l’économie assise sur un territoire préservé, y compris le préjudice d’image que causent ces aérogénérateurs géants pour des décennies.
Pierrick Maignan, secrétaire de l’Association de Défense de l’Environnement et du Patrimoine du Val d’Izé (ADEPV)