Éolien : défendre coûte que coûte le belvédère exceptionnel du bloc Est des Montagnes Noires

La calotte Saint-Joseph à Langonnet.

Le bloc est des Montagnes Noires est une unité paysagère spécifique, à cheval sur les Côtes d’Armor et le Morbihan, qui bénéficie de nombreuses protections dans les deux départements.

Les Montagnes Noires entre Gourin et Plouray.

Dans le Morbihan, L’atlas des paysages (voir ici) le décrit comme « une longue crête boisée marquant l’horizon à la limite nord-ouest du département » et comme « un belvédère à mettre en valeur ».

Du haut de la calotte Saint-Joseph, une vue saisissante vers le bois de Conveau au nord-ouest.

La calotte Saint-Joseph (voir ici), située à Langonnet à 292 m d’altitude, est le point culminant du Morbihan. Le promeneur qui y accède est saisi par un panorama ouvert à 360°. C’est un site enchanteur.

Le village de Langonnet et l’église de La Trinité classée au titre des monuments historiques depuis 1980.

Du haut de la calotte, on aperçoit le joyau architectural de Langonnet : l’église de la Trinité Langonnet, classée au titre des monument historique depuis 1980 (voir ici). L’enceinte de la fontaine de la Trinité-Bezver est, pour sa part, protégée par inscription à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1935 (voir ici).

La rondeur bienveillante de la colline nue est étrange et envoûtante. Elle est omniprésente dans le paysage à des kilomètres à la ronde. À la Trinité-Langonnet, la présence de la calotte toute proche est presque palpable. Elle semble jouer à cache-cache derrière les maisons mais se laisse découvrir avec bonheur.

Il faut être insensible, aveugle ou... professionnel de l’aérogénérateur pour nier l’intérêt du site ! Hélas, actuellement, ces derniers s’intéressent un peu trop à ce paysage préservé jusqu’à ce jour.

La charte éolienne départementale (voir ici) le classe comme « paysage emblématique fort » peu favorable à l’implantation des éoliennes. Cette même charte recommande de « protéger les lignes de crête qui correspondent à des limites marquantes d’entité paysagères déterminantes pour la compréhension géomorphologique ou géographique d’un territoire ou qui sont des fronts visuels très perçus ».

Il n’est pas concevable de porter atteinte au paysage en crête, par des machines dépassant la hauteur des crêtes et de la calotte, pas plus qu’il n’est envisageable de nuire à la perspective des paysages et monuments historiques de Langonnet, par des éoliennes implantées au pied du massif.

Or, la vingtaine de machines en question, hautes de 78 à 150 mètres en bout de pales, culmineraient, en s’ajoutant au relief, à 350 ou 370 mètres. Ces machines, s’étalant sur une quinzaine de kilomètres, surplomberaient de ce fait toute la ligne de crête des Montagnes Noires. On sait par ailleurs qu’elles se trouveraient en limite ou à l’intérieur de ZNIEFF 1 et 2, de sites Natura 2000 (voir ici), d’espaces naturels sensibles et d’une réserve naturelle régionale, espace remarquable de Bretagne.

Localisation des projets éoliens autour de la Calotte Saint-Joseph.

Un premier permis fut accordé en 2006 par le préfet du Morbihan pour 6 éoliennes à Langonnet, culminant à 290 mètres en bout de pales. Le site retenu par la société Juwi ERN, avec le soutien des élus de Langonnet, se trouvait dans le triangle Drouloué-Leurven-Kerbescontès sur cette commune, au pied des Montagnes Noires. La Cour d’Appel de Nantes l’a annulé le 24 décembre 2010 (voir ici). Le jugement a été confirmé par le Conseil d’Etat le 11 juillet 2012. En reconnaissant le caractère « remarquable » du site, la jurisprudence devait le placer à l’abri de toute nouvelle agression éolienne.

Hélas, le zèle des porteurs de projets éoliens n’a pas faibli, pas plus que l’engouement des élus.

Ce fut d’abord le projet éolien de Botsay à Glomel, commune des Côtes d’Armor, en co-visibilité avec la calotte Saint-Joseph, que nos associations ont dû attaquer. Le Tribunal Administratif de Rennes a rejeté la requête de Sites & Monuments et de l’association Vents de Folie le 1er décembre 2020. Notre recours à la Cour Administrative d’Appel a été déposé le 6 janvier 2021.

Puis, la société IEL a poussé l’audace jusqu’à prétendre s’implanter en ligne de crête : ce fut le projet éolien IEL de Crao Bihan à Langonnet. Au mépris de la jurisprudence de 2010 et 2012, le Tribunal Administratif de Rennes a débouté nos associations et les riverains le 6 septembre 2019, tout en reconnaissant « une indéniable et visible artificialisation de ce cadre ». Le 8 décembre 2020, la Cour Administrative d’Appel de Nantes a fait de même (voir ici). À cette heure, nous avons déposé une requête au Conseil d’Etat.

À ces projets, vont s’en ajouter d’autres :

Comble de provocation, un nouveau projet éolien est en cours sur le site même du projet annulé par la Cour Administrative d’Appel et le Conseil d’Etat : le triangle Drouloué-Leurven-Kerbescontès à Langonnet…

Voir les articles du Télégramme du 27 mai 2020 (voir ici), du 13 novembre 2020 (voir ici) et du 27 janvier 2021 (voir ici).

Sans compter d’autres projets dans cette même commune de Langonnet ainsi qu’à Gourin.

Jusqu’à ce jour, l’association Vents de Folie et les riverains ont pu financer ces recours où Sites & Monuments était également requérante. Mais, aujourd’hui, pour faire face aux frais du recours introduit au Conseil d’État pour le projet éolien IEL de Crao Bihan à Langonnet, nous devons faire appel aux dons.

Un compte dédié sous le nom « Bloc Est des Montagnes Noires », vient d’être ouvert chez Sites & Monuments par convention signée avec l’association pour le patrimoine du pays du Roi Morvan - APPROM. N’hésitez pas à nous adresser vos contributions.

Anne Marie Robic, déléguée de Sites & Monuments pour le Morbihan
Carlo Rosolen président de l’association pour le patrimoine du pays du Roi Morvan (APPROM)

Pour faire un don.