La chapelle Saint-Joseph, point de mire de l’urbanisme manceau, menacée de destruction

Chapelle Saint-Joseph du Mans vue depuis l’avenue du général Leclerc. Photo Google Street.

Histoire et importance urbaine de la chapelle Saint-Joseph

Edifiée en 1864 par l’architecte Denis Darcy [1], architecte voyer de la ville du Mans et collaborateur d’Eugène Viollet-le-Duc, cet édifice de style néo-roman est un exemple unique au Mans. L’élévation de la façade occidentale reprend l’ordonnancement de la façade de la nef romane de la cathédrale Saint-Julien.

Son implantation de biais sur l’avenue Leclerc, axe structurant de la ville reliant la gare et la cathédrale, lui confère une place singulière dans le paysage urbain.

Les verrières du milieu du XXe siècle sont signés Maurice Rocher, artiste du Maine connu pour ses nombreuses réalisations, plus particulièrement par les vitraux de l’Abbaye Saint-Pierre à Solesmes.

L’église, propriété de l’évêché, est située dans l’emprise du collège Saint-Joseph. Le lieu est à la fois ouvert au public, utilisé par les écoles et le collège Saint-Joseph, ouverte au culte et à la catéchèse de manière régulière.

Chapelle Saint-Joseph du Mans vers 1900.

Le bon état sanitaire de la chapelle Saint-Joseph

Les raisons avancées de son mauvais état et du coût d’entretien n’ont aucun fondement pour justifier sa destruction. Contrairement à ce qu’annoncent les décideurs du projet de démolition, l’intérieur est en bon état de conservation et ne présente pas de désordre particulier. Les voûtes ne présentent pas de faiblesse, ce qui témoigne de la bonne stabilité de la construction. La façade présente des altérations de la pierre, qui ne mettent cependant aucunement en péril la construction.
La couverture est en très bon état, puisqu’elle a fait l’objet de travaux en 2005 grâce aux dons récoltés pour son entretien, avec l’aide de notre association.

Il est aujourd’hui consternant de constater que, pendant 17 ans, ni le diocèse ni l’établissement scolaire Saint-Joseph n’aient daigné poursuivre l’entretien de l’édifice qu’ils continuent d’utiliser.

Chapelle Saint-Joseph du Mans, vitraux du XXe siècle signés Maurice Rocher.

Le diocèse décide d’une destruction sans susciter de réaction du maire

La volonté du maître d’ouvrage de détruire cet édifice religieux en bon état relève de l’incompréhension totale de son intérêt urbain. Elle nie la grande qualité architecturale et la forte valeur patrimoniale et environnementale de l’édifice.

Ce projet, non ébruité auprès de la population mancelle, ne peut avoir que des conséquences négatives pour le voisinage et les commerçants, ainsi que pour l’image de la ville, à nouveau sous l’emprise de destructeurs du passé et de la mémoire culturelle.

Pour autant, le Maire ne semble pas avoir plus de considération pour le patrimoine historique de sa ville, qui participe de l’identité urbaine et culturelle du Mans, et ne s’opposerait pas à cette perte.

L’avis de l’architecte des Bâtiments de France a fait prendre conscience de l’utilité patrimoniale et urbaine de l’église qui s’inscrit en covisibilité avec l’Autogare de la S.T.A.O. (Société des transports automobiles de l’Ouest), bâtiment du XIXe siècle inscrit au titre des Monument historique en octobre 2008.

Le Mans, façade de la chapelle Saint-Joseph sur l’avenue du général Leclerc. Photo Google Earth.

Défense et Sauvegarde du Patrimoine Sarthois agit contre la démolition

L’Association Défense et Sauvegarde du Patrimoine Sarthois, créée en 2004, a pour objet de défendre la patrimoine et d’agir pour sa mise en valeur dans le département de la Sarthe.

Elle réagit évidemment contre le sort qui s’acharne à nouveau sur l’église Saint-Joseph et lance un appel aux personnes qui, comme ses fondateurs et ses adhérents, sont sensibles aux intérêts de la sauvegarde du bâti ancien portant les valeurs irremplaçables du passé historique et humain.

Ce projet de démolition n’est plus vraiment un mystère, même si le montage bien particulier de l’opération immobilière reste opaque. Le projet d’agrandissement d’un établissement scolaire privé catholique a-t-il réellement un sens quand il détruit un monument religieux de grande valeur patrimoniale ?

Comme en 2004, notre association souhaite établir des rapports constructifs avec le diocèse et rechercher ainsi toute alternative à la démolition répondant aux meilleurs intérêts du Mans.

Intérieur de l’église Saint-Joseph du Mans avant pose des vitraux de Maurice Rocher.

Une pétition demande le refus du permis de démolir

La pétition a déjà recueilli plusieurs milliers de signatures de manceaux et sarthois en faveur de la conservation de la chapelle et du retrait du permis de démolir, tandis que les médias, presse, radios et télévisions locale et régionale, se sont emparés du sujet.

Nos investigations se poursuivent et progressent activement, en se constituant un réseau d’adhérents et de partenaires. C’est la raison pour laquelle nous invitons toutes les personnes (particuliers, habitants du quartier, religieux ou laïcs, commerçants, artisans, professionnels, élus, associations...) qui, comme nous, ne souhaitent pas voir disparaitre un édifice chargé de valeurs patrimoniale, humaine et morale à nous aider en signant la pétition.

Chapelle Saint-Joseph du Mans avant / après.

Notre ville ne doit pas à nouveau faire l’objet d’une évolution urbaine incontrôlée.

par Patrick Migeon, délégué Sites & Monuments de la Sarthe et Défense et Sauvegarde du Patrimoine Sarthois, association adhérente de Sites & Monuments
2 rue du Chanoine Lelièvre - 72000 Le Mans
Tél. 0684047816 - soslemans.chapelle.stjoseph@gmail.com

Pour signer la pétition

Notes

[1Denis Darcy est aussi l’auteur de nombreux projets de construction et de restauration au Mans : le clocher de l’église Notre-Dame du Pré, les escaliers de la chapelle de la Visitation, la restauration de Notre-Dame de la Couture…