Début juillet, des mâts commencent à se profiler dans le ciel de Lanouée, dans le Morbihan, à une hauteur indécente. Le paysage, un écrin de verdure hautement préservé, est alors écrasé (Illustrations 1, 2 et 4). Le clocher de l’église Saint-Pierre (XIIIe - XVIIIe siècles), inscrite à l’inventaire des Monuments Historiques, qui appelait si joliment nos regards vers le ciel au-dessus du bourg, se retrouve honteusement supplanté.
Il faut dire que l’on souhaite, dans le pays de Josselin, à tout prix densifier l’éolien. Un permis de construire pour 16 à 17 éoliennes de 186 mètres de haut, en pleine forêt de Lanouée, fait l’objet d’un recours de neuf riverains et de la SPPEF. Des études sont en cours pour implanter quatre autres machines aux abords du massif forestier. A l’est de celui-ci, le site protégé du camp des Rouëts, motte castrale du Xe siècle, sera bientôt cerné par les éoliennes de la forêt et dix autres à venir très bientôt sur la commune de Mohon... Le paysage est saturé (Illustration 3).
Alors, depuis que l’éolienne du maire s’est dressée dans le ciel de la commune, la colère des riverains ne se contient plus. Ils sillonnent les chemins des communes impactées, distribuent leurs "flyers" (Illustrations 3 et 5) et recueillent les adhésions à Vent de Forêt.
L’histoire a commencé le 20 août 2006. Lors du conseil municipal, un adjoint au maire approuve la création de la ZDE (zone de développement éolien) de La Valette. Or, il est l’un des propriétaires retenus par la société A4E2 candidate à l’implantation de quatre éoliennes et d’un poste de livraison.
Le 10 avril 2014, ce même élu, devenu maire de la commune, signe un certificat de non retrait du permis délivré en 2008. Les travaux interrompus pendant plus de trois ans vont reprendre.
Mais, l’éolienne E2, située sur le terrain du maire, ne tombe-t-elle pas sous le coup de l’article 432-12 du Code pénal (prise illégale d’intérêt) et de l’article L. 2131-11 du Code général des collectivités territoriales (illégalité des délibérations prises par des élus dans certaines circonstances) ou de tout autre qui nous aurait échappé ? Le 29 mai 2014, l’association Vent de Forêt et la SPPEF adressent une lettre au Procureur de la République de Lorient afin qu’il instruise cette affaire.
Le Figaro du 4 juillet nous a révélé que le Service central de prévention de la corruption (SCPC), dépendant du ministère de la Justice, dans son rapport d’activités de 2013, a lancé une alerte auprès du Gouvernement, décrivant la multiplication des prises illégales d’intérêt dans les projets éoliens comme un « phénomène d’ampleur » représentant des « dérives graves » et a demandé un audit de ce phénomène.
Cela mènera-t-il à une condamnation ? Piètre consolation, au demeurant, face au désastre paysager que les élus et l’Etat s’obstinent à vouloir parachever.
Anne-Marie Robic, déléguée de la SPPEF pour le Morbihan
Association Vent de Forêt