Avec ses 506 mètres de hauteur, le Mont Dardon est le point culminant de l’ouest du département de Saône-et-Loire. Par sa fonction de belvédère, ce sommet majeur du Morvan offre une vue imprenable et spectaculaire sur les hauts lieux de la Bourgogne du sud : le Mont Beuvray, Uchon, le Mont Saint-Vincent… et, si le temps s’y prête, on peut apercevoir le Mont Blanc, à l’est.

Pourquoi vouloir gâcher ce panorama exceptionnel en installant des milliers de panneaux photovoltaïques ? C’est l’idée lumineuse qu’a eu l’entreprise ENI Plénitude qui, en 2022, a jeté son dévolu sur un terrain de trente-six hectares situé au bas du versant sud du Mont Dardon, sur le territoire de la commune d’Uxeau, dans le lieu-dit des Prés Neufs.
Au sein de cette surface clôturée était prévue l’installation de 36 000 panneaux sur plus de vingt hectares ; la centrale photovoltaïque étant combinée avec une exploitation d’élevage ovin. Précisons également que ce projet nécessiterait un raccordement au réseau électrique général par la traversée de zones humides et de onze cours d’eau plus ou moins importants.

Les habitants et riverains se sont mobilisés manifestant, très majoritairement, leur opposition à ce projet dont la conséquence désastreuse et irrémédiable sera de dénaturer et de défigurer la beauté naturelle et intègre des paysages.
Le Conseil municipal d’Uxeau a rendu un avis défavorable, tout comme la CDPENAF (Commission Départementale de la Préservation des Espaces Naturels Agricoles et Forestiers). Par ailleurs, la MRAE (Mission régionale d’autorité environnementale – Bourgogne-Franche Comté) a fait part de nombreuses observations et recommandations. La DRAC a rendu un avis favorable tout en prescrivant un diagnostic d’archéologie préventive sur la zone d’implantation. Enfin le gestionnaire du "Grand Site de France de Bibracte – Mont-Beuvray" a émis de nombreuses remarques s’agissant des enjeux paysagers et patrimoniaux du site.
Si l’enquête publique a abouti à un avis favorable assortie de recommandations du commissaire-enquêteur, le préfet de Saône-et-Loire a, dans un arrêté du 19 décembre 2024, refusé d’accorder le permis de construire considérant, entre autres, que « le projet vient particulièrement affecter les vues remarquables qu’offre le Mont Dardon, qui constitue un point culminant du territoire, et dont il convient de préserver les points de vue ». Saluons cette décision courageuse du représentant de l’État à l’heure où la politique de transition énergétique impose une accélération de l’éolien et du photovoltaïque sur nos territoires. La première bataille est donc gagnée même si l’entreprise a déposé un recours contre ce refus.
Le Mont Dardon est un belvédère unique notamment sur le paysage bocager, à l’interface entre le Morvan et la vallée de l’Arroux. Ce bocage présente tous les attributs spécifiques du paysage culturel de l’élevage bovin charolais : constructions, éléments végétaux - minéraux et hydrauliques -, pratiques agronomiques et pastorales. Par son caractère universel et exceptionnel, ce paysage a fait l’objet d’une demande de classement au patrimoine mondial de l’UNESCO, précisément pour le Charolais-Brionnais, territoire situé quelques kilomètres plus au sud du Mont Dardon. Dans cette perspective, le PLUI de l’intercommunalité, en cours d’élaboration, prévoit que les périmètres de protection des monuments, les sites patrimoniaux, les points de vue marquants sur le grand paysage ne seront pas considérés comme aptes à recevoir des installations d’ENR. Le Mont Dardon y figure expressément.

Par ailleurs, rappelons que c’est un site archéologique ; des fouilles ont révélé une présence humaine datant de l’Age du bronze ainsi que les fondations d’une chapelle du Xème siècle. L’ensemble de la commune est d’ailleurs classé zone de présomption archéologique depuis 2013. Pour reprendre les termes de la contribution de Vincent Guichard, Directeur de Bibracte EPCC, dans le cadre de l’enquête publique, « La singularité du mont explique qu’il ait été fréquenté assidûment depuis au moins trois millénaires, ce dont témoignent des vestiges archéologiques très importants sur son sommet. Cette singularité demeure tout aussi attractive aujourd’hui, comme le montre le nombre de visiteurs…, tout comme les événements festifs qu’il accueille chaque année ».
L’installation de ce parc photovoltaïque aura un impact visuel majeur sur :
- le patrimoine historique et paysager,
- le Mont Dardon qui surplombe la zone sur son flanc sud ;
- les vues remarquables et panoramiques du fait de la zone d’implantation du parc au centre du vallon du Chevalot ;
- les habitats, les vestiges et les nombreux chemins de randonnée pédestre – très fréquentés -au milieu du bocage.

Cette installation industrielle au milieu des prairies et des zones humides générera d’autres dommages :
- l’atteinte au milieu naturel par la perturbation inévitable de l’hydrologie et de la biodiversité ;
- les zones humides concernées ne seront plus alimentées de façon naturelle alors qu’elles abritent des espèces fragiles et emblématiques ;
- le ruissellement accéléré par les panneaux solaires modifiera le rechargement par les eaux pluviales de cette zone et aura un impact sur les étangs situés en aval ;
- la multiplication des clôtures perturbera la faune constituée de grands gibiers ;
- le raccordement au réseau électrique général qui nécessite la traversée de zones humides et de onze cours d’eau plus ou moins importants.
Enfin, l’implantation sur une croupe la rendra visible du vallon et d’une bonne partie du bourg et rendra inopérants les écrans végétaux prévus en mesure de compensation.
Alors, espérons que depuis le sommet du Mont Dardon, nous ayons toujours le souffle coupé uniquement par cette vue imprenable et non parce que des panneaux viennent la gâcher. Aidez-nous à poursuivre le combat en faisant un don.
Gilbert Cornillon, président de l’Association Sauvegarde Nature et Paysage du Mont Dardon (ASNPMD)
Mail : asnpmd@gmail.com
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