
Sites & Monuments, association nationale agréée pour la protection de l’environnement, vient d’obtenir, avec deux associations héraultaises, une première en France : la condamnation pénale d’un exploitant éolien pour destruction d’espèces protégées.
Le 7 avril 2025, la société Énergie Renouvelable du Languedoc (ERL) a été reconnue coupable de la destruction d’un Aigle Royal, espèce strictement protégée, sur la centrale éolienne de Bernagues à Lunas (Hérault), située dans le Parc naturel régional du Haut-Languedoc.
Le suivi environnemental avait révélé une mortalité exceptionnelle sur le site, objet par ailleurs d’un contentieux administratif et civil : 147 oiseaux et 10 chiroptères tués par éolienne et par an, soit plus de 1 000 victimes annuelles pour l’ensemble du parc.
La société ERL a été condamnée, sur le plan pénal à :
• 200 000 € d’amende, dont 100 000 € avec sursis (cette somme sera due en cas de récidive dans les cinq ans) ;
• Pour son gérant : 40 000 € d’amende, dont 20 000 € avec sursis ;
• Et à une peine complémentaire de suspension de l’activité des éoliennes pendant un an, avec exécution provisoire (s’applique même en cas d’appel).
Sur le plan civil :
• 6 000 € de dommages et intérêts à verser à chacune des cinq associations plaignantes ;
• 1 000 € au titre des frais de justice ;
• Et à une obligation de publier le jugement dans un délai d’un mois, à ses frais, dans Le Monde, Reporterre et Le Midi Libre, sous astreinte de 100 € par jour de retard.

Cette victoire judiciaire, portée par Sites & Monuments, VPPN et APPREL, confirme une fois encore l’impact destructeur des projets éoliens sur la biodiversité et donc les paysages. Deux influentes associations, FNE et LPO, ont également porté plainte, rejoignant ainsi la procédure contre le promoteur du parc de Bernagues. Une démarche bienvenue, bien que paradoxale : ces mêmes structures défendent, dans de cadre de la Programmation pluriannuelle de l’énergie pour 2025 à 2035 (PPE3), un développement massif de l’éolien terrestre et marin, malgré ses effets bien documentés sur la faune sauvage. Peut-on, à la fois, dénoncer la destruction d’espèces protégées et promouvoir l’installation de milliers de nouvelles machines y contribuant ? Le développement de l’industrialisation des paysages, pour un bénéfice climatique très incertain, inflige en effet des dommages croissants à la biodiversité.
La société ERL a interjeté appel, ce qui suspend l’ensemble des condamnations, à l’exception de l’arrêt de l’activité du parc pour un an, immédiatement applicable. Sites & Monuments a également formé un appel incident afin de formuler des demandes complémentaires devant la cour d’appel.
Julien Lacaze, président Sites & Monuments
Contact presse :
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