Le jeudi 28 février 2013, le Tribunal administratif de Paris a annulé la délibération du Conseil de Paris des 11 et 12 juillet 2011 qui avait autorisé la Ville à signer une nouvelle convention avec la Fédération française de tennis pour l’avenir de Roland-Garros.
Une belle victoire
C’est une belle victoire pour les associations locales (Association du quartier du Parc des Princes et Boulogne Patrimoine) et les citoyens qui ont porté ce recours, que la SSPEF soutient totalement. Par deux fois, en décembre et en février, le rapporteur public avait conclu à une telle annulation, en soulevant pas moins de quatre motifs. Deux ont été finalement retenus par les juges, dont l’un porte sur une mauvaise information des élus lors du vote. La mairie avait en effet omis de préciser que l’extension proposée se ferait sur un site protégé au titre des Monuments historiques ! Un détail, en effet…
Or, toute l’incohérence de cette affaire est là. Roland-Garros restant à Paris, ce qui demeure une erreur historique majeure, il n’y a que deux moyens d’étendre le complexe sportif : soit sur le jardin des serres d’Auteuil, triplement protégé ; soit sur l’autoroute A13, une saignée voisine qui a jadis meurtri le Bois de Boulogne et qu’il serait ainsi loisible de reboucher par une dalle de couverture.
Que croyez-vous qu’il arriva ? La FFT et la Ville ont choisi la plus mauvaise solution, ouvrant un long match que les associations locales et nationales vont bien sûr gagner.
Un long match
Dans le premier set, elles ont attaqué la convention qui fondait le cadre général de l’extension envisagée. Le Tribunal administratif vient de l’annuler.
Dans le deuxième set, les associations, rejointes par la SPPEF, ont attaqué la révision du PLU de Paris, nécessaire au bétonnage du jardin protégé et voté par le Conseil de Paris le 9 juillet 2012. Nous attendons le jugement du TA.
Dans le troisième set, les associations se préparent à attaquer chaque permis de construire qui sera déposé par la FFT.
Ce bras de fer juridique a deux conséquences : il coûte cher aux uns et aux autres et surtout, il bloque le chantier en allongeant les délais. Il est donc contre-productif pour la FFT, qui refuse de dialoguer. L’aveuglement de ses dirigeants sera la seule cause de leur échec final, soyons-en sûr.
Mais le combat que nous menons prend aussi d’autres formes : outre la mobilisation médiatique qui doit continuer (la pétition lancée par le Comité de soutien des serres d’Auteuil a recueilli 49000 signatures !), il convient d’apostropher les responsables politiques :
– pourquoi le maire de Paris et Mme Hidalgo (PS) s’entêtent-ils à vouloir bétonner un jardin protégé au titre des lois de 1913 (MH) et de 1930 (sites) ;
– quelle est la position exacte du maire (UMP) du XVIe arrondissement, M. Goasguen ?
– quelle est la position de la ministre de la Culture, Mme Filippetti ? la dénaturation d’un site ISMH (loi de 1913) est soumise à son autorisation, via la DRAC d’Ile-de-France ;
– quelle est la position de la ministre de l’Ecologie, Mme Batho ? l’autorisation de dénaturer un site classé (loi de 1930) est en effet de son ressort (rappelons à ce propos que le projet n’a pas encore reçu d’approbation définitive de la Commission supérieure des Sites, où la SPPEF est représentée et où elle fera entendre, à nouveau, la voix des défenseurs du site).
Nous vous engageons donc à leur écrire et à faire connaître votre opposition ! Le contexte électoral qui approche devrait rendre en effet nos élus plus sensibles aux appels des citoyens.
Un contre-projet existe !
L’affaire de Roland-Garros est d’autant plus absurde qu’il existe un contre-projet qui aurait, dès le début, fédéré toutes les énergies et résolu tous les problèmes : une extension, à coût égal, plus grande et plus homogène sur la saignée de l’autoroute A13, voisine du site de Roland-Garros, et en continuité avec lui si l’on annexe l’avenue de la Porte d’Auteuil. Porté par la SPPEF et les VMF, ce projet a été présenté à la presse en mai 2012, Depuis, il a été affiné, complété et chiffré précisément, au moyen d’une étude commandée à un expert indépendant, ingénieur des Ponts-et-Chaussées.
La couverture d’une portion de l’autoroute, selon une méthode classique et que la mairie de Paris emploie en ce moment même sur le boulevard périphérique, libérerait un terrain de 6400 m2, auxquels s’ajouteraient les 4 488 m2 de l’avenue de la porte d’Auteuil, dont la circulation serait détournée au nord, sur une emprise existante. Le coût de ces travaux monte à 52 millions d’euros hors aléas. C’est donc moins que le projet absurde de la FFT qui consiste à détruire le « cours n° 1 » (qui est en bon état), à construire un stade de 4 900 places dans le jardin des serres d’Auteuil, avec toutes les conséquences sur le site (déménagements des collections botaniques, destruction de serres techniques neuves, etc.).
En aucun cas, cette couverture ne représente un obstacle financier, comme l’a répété de manière ridicule Madame Hidalgo, qui a évoqué une somme de 300 millions ! En fait, ce chiffre fantaisiste révèle surtout que la Mairie n’a aucun argument sérieux à nous opposer : elle préfère s’entêter plutôt que de reconnaître son erreur. La SPPEF, très attachée à une position qui respecte les lois et ménage le bien public, le déplore. Mais elle poursuivra sans relâche, avec tous ceux qui ceux qui aiment le patrimoine, ce noble combat.
Alexandre Gady, Président de la SPPEF