Grande Roue : le droit de réponse que le Figaro ne publiera pas

Le Figaro du 6 mars 2018 Angélique Negroni

A la suite de la publication, le 6 mars 2017, d’un article intitulé « Grande Roue : Campion remporte une manche  » (voir ci-dessus), nous demandions au Figaro et au Figaro.fr d’insérer un droit de réponse. Partie au jugement commenté par le journal, Sites & Monuments n’avait en effet jamais été interrogée sur celui-ci... Curieux exercice journalistique, cet article se contentait de relayer l’interprétation - erronée - que faisait Monsieur Marcel Campion d’un jugement à double tranchant (voir ici). 

Le 22 mars 2018, nous recevions une fin de recevoir du Figaro (voir ci-dessous). Il nous serait loisible de saisir la justice en insertion forcée de ce droit de réponse (Sites & Monuments avait ainsi fait condamner Le Figaro, Les Echos et Le Monde dans le cadre du dossier de la Samaritaine). Préférant consacrer l’argent de ses adhérents, comme notre énergie, à d’autres causes, nous nous contentons de publier ici le texte de notre droit de réponse.

Réponse du Figaro du 22 mars 2018

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Grande Roue : de la lecture d’un jugement

Dans notre combat pour le départ de la Grande Roue de la place de la Concorde, la sauvegarde de la perspective historique entre l’Arc de triomphe et le Louvre serait un « moyen qui, en droit, équivaudrait à de la poudre de perlimpimpin », que la justice aurait ainsi « balayé », qui aurait fait « pschitt », les tribunaux « remettant les pendules à l’heure » face à un forain « qui fait son possible pour sauver ses activités dans la capitale ».

Pourtant, à bien lire le jugement rendu le 22 février, sa portée est toute autre. Le tribunal ne remet tout d’abord nullement en cause la liberté de la municipalité de s’opposer au renouvellement de la convention d’occupation du domaine public la liant à la société Fêtes Loisirs, type de convention précaire par nature et d’ailleurs limitée à deux ans.

Le tribunal n’affirme ensuite nullement que la grande perspective parisienne est dépourvue de protection. Il refuse d’admettre l’erreur manifeste d’appréciation de la DRAC (moyen d’annulation rarement admis) quant à l’édification de la roue en 2016 sur un monument historique, autorisation alors limitée à cinq mois (elle dépasse pour la présente édition les six mois, nouvelle durée sur laquelle le juge devra bientôt se prononcer).

Une grande roue dépourvue de permis de construire

Limitant son analyse aux effets du classement, tribunal a refusé de statuer sur le respect du PLU de Paris prévoyant des règles de hauteur (25 m) et des fuseaux de protection (limitant les hauteurs à 5 m, 15 m et 28 m) incompatibles avec l’installation récurrente d’une Grande Roue de 70 m de haut à leur emplacement. Les juges, se fondant sur le principe d’indépendance des législations, estiment en effet n’avoir été saisis que de la légalité de l’autorisation patrimoniale et non du respect du droit de l’urbanisme. Ils considèrent cependant, qu’à défaut de pouvoir justifier d’un « accord » de l’autorité d’urbanisme (procédure simplifiée pour les bien classés), l’installation de la Grande Roue était soumise à un permis de construire, qu’elle n’a jamais obtenu ! Une action est aujourd’hui diligentée sur ce nouveau fondement.

Devant l’évidence du caractère inapproprié de l’implantation d’une Grande Roue place de la Concorde, dans la grande perspective parisienne, nous ne doutons nullement de son départ définitif le 23 mai prochain."