Patrice Cahart, ancien inspecteur général des finances, rompu à la lutte contre les gaspillages et adhérent actif de Sites & Monuments, était bien placé pour dénoncer le système pervers par lequel l’éolien est financé. Sa réflexion, particulièrement bien documentée, nourrira la nôtre. JL
Une épidémie peut en cacher une autre - sinon dans nos campagnes, où les éoliennes ne sont que trop visibles, du moins dans l’esprit des citadins.
L’éolien coûte gros et, en France, ne sert à rien ! En effet, la part des énergies fossiles (gaz surtout) dans notre production d’électricité est déjà tombée au plus bas. Elle ne saurait baisser davantage. L’expansion éolienne à laquelle nous assistons ne peut au contraire qu’accroître les émissions nocives, car une éolienne, dans notre pays, ne fonctionne en moyenne qu’à 24% de sa capacité. Pour le complément, force est de se tourner vers le gaz, polluant et, de plus en plus, d’origine russe.
Les promoteurs lancent leurs projets avec un capital très faible, parfois un seul euro ! Les banques s’empressent de leur prêter tout le reste. Pourquoi, de leur part, cette faveur, qu’elles refusent absolument aux entreprises industrielles normales ? Parce que l’Etat garantit aux promoteurs éoliens, pendant vingt ans, une recette égale à peu près au double du prix de l’électricité sur le marché. Aucune autre branche de l’industrie française ne bénéficie de cet avantage inouï.
Mais il engendre, au passif de l’éolien, une deuxième nuisance : les sommes colossales attirées par ce procédé manqueront pour financer les actions réellement utiles au climat (isolation du bâti des Trente Glorieuses, voitures électriques, chauffage électriques, voitures électriques).
La conclusion logique de ce livre devrait être l’arrêt immédiat de l’expansion éolienne en France. Pour le cas où nos gouvernants, hélas, ne s’y résoudraient pas. Deux amendements permettraient au moins, selon nous, d’aboutir à un éolien raisonné, succédant à l’anarchie que nous subissons.
Le premier amendement consisterait à ménager entre les engins et les habitations, au lieu des 500 mètres actuels qui sont ridiculement bas, une distance minimale égale à un multiple de la hauteur hors tout. En Bavière, en Pologne, le multiplicateur est de dix. Nos gouvernants précédents ayant refusé ce chiffre, un multiplicateur de sept pourrait être proposé, à titre transactionnel. Le second amendement consisterait à généraliser les appels d’offres - discipline à laquelle échappe aujourd’hui la majorité des projets éoliens terrestres – et à réserver le choix des emplacements à l’autorité publique, alors qu’à présent le promoteur choisit et le préfet suit.
Patrice Cahart, adhérent de Sites & Monuments
La Peste Éolienne, Éditions Hugo Doc. 160 pages. 9,95 euros. Parution le 6 mai 2021.