Le plan "Action cœur de Ville" et "France Relance" mis au service de la démolition de la caserne Miribel de Verdun

Les travaux préparatoires à la démolition du gros œuvre de la caserne Miribel débutent malgré une lettre adressée à trois ministères par notre association de concert avec les associations en charge des destinées des casernes de Verdun et de Montargis (voir ici). Elle demandait notamment son placement sous le régime de l’instance de classement afin d’ouvrir une période de réflexion d’un an.

Des machines d’envergure viennent d’arriver sur le site et les jours de la caserne Miribel semblent désormais comptés.

Une réponse, promettant un "examen attentif" de notre demande d’intervention du ministère des Armées concernant "l’avenir du patrimoine militaire désaffecté", était reçue, le 31 mars, de la part de Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée chargée de la Mémoire et des Anciens combattants.

Une lettre adressée le 19 avril par Jacqueline Gourault, ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités, au maire de Verdun, Samuel Hazard, et diffusée par celui-ci sur les réseaux sociaux dans une version tronquée (voir ici), était en revanche accablante.

Si elle évoque une "procédure de classement qui serait envisagée", elle assure que le projet destructeur du maire sera soutenu financièrement par le programme "Action Cœur de Ville" et par France Relance dans le cadre du "fonds friches".

Il s’agit, en effet, de financer les 5 M d’euros - dont la municipalité ne dispose pas - nécessaires aux démolitions (1 648 840 euros), à la dépollution (3 223 552,50 euros) et à la fouille (160 000 euros) des terrains, selon un chiffrage établi et voté en conseil municipal le 14 décembre 2020 (voir ici). Le Foyer Rémois (groupe Global Habitat), le promoteur pressenti, souhaite en effet disposer d’un terrain vierge, prêt à construire.

Pourtant, le projet "Action cœur de Ville" doit en principe contribuer à la "mise en valeur de l’espace public et du patrimoine", comme l’indique le site Internet du ministère (voir ici)... Ce nouveau dossier confirme qu’il contribue en réalité à sa démolition, comme cela a déjà été mis en évidence à Saint-Dizier (voir ici), à Prades (voir ici) ou à Dunkerque (voir ici).

Comment concevoir que des crédits d’État soient ainsi affectés à l’effacement de notre mémoire commune ? Comment expliquer le silence du ministère de la Culture alors que les services de l’Inventaire de la région Grand Est mettent en évidence le caractère particulièrement abouti de l’architecture de la caserne Miribel comme les destructions déjà intervenues (voir ci-dessous) ?

Les ministères concernés ne devraient-ils pas se réunir d’urgence afin d’élaborer une politique globale de reconversion de nos casernes ? Celles-ci ne sont pas des "friches", mot bien commode !

Quant à l’attitude du maire, comment à la fois demander au Président de la République de "défendre l’enseignement explicite de la bataille de Verdun dans les programmes" (voir ici et ill. ci-dessous) et détruire le patrimoine militaire de sa ville ayant miraculeusement survécu aux destructions de la première Guerre Mondiale (voir ici) ?

Julien Lacaze, Président de Sites & Monuments