Les Nouvelles Galeries de Saint-Etienne, vers une renaissance ?

Détail de l’immeuble dénommé "Les Nouvelles Galeries" à Saint-Etienne. Photo Monumentum

En 1894, Madame Démogé achète à la ville de Saint-Etienne une parcelle pour agrandir son bazar situé à l’angle des rues Gambetta et Victor Hugo. Elle charge alors l’architecte Léon Lamaizière des travaux d’aménagement de ce nouvel espace qui ouvrira ses portes le 6 avril 1895 sous le nom de Nouvelles Galeries.

Lamaizière, auteur du magasin de Saint-Étienne, réalise ensuite les magasins de Grenoble, Belfort, Clermont-Ferrand et Valence et signe avec son fils de nombreux bâtiments à Saint-Etienne.

En 1898, Léon Lamaizière agrandit le magasin de Saint-Etienne en insistant particulièrement sur la travée d’angle qu’il traite en tourelle et coiffe d’un dôme majestueux.

Les Nouvelles Galeries. Carte postale ancienne. Médiathèque Saint-Etienne.

En 1960, le vide central est comblé afin d’accroître la superficie de la surface de vente, tandis que la façade est couverte d’un bardage métallique dans le goût du moment et le dôme angulaire supprimé.

En 2005, le groupe Buildinvest se porte acquéreur du bâtiment et, en 2007, des travaux de réhabilitation font réapparaître les décorations extérieures de style néo-classique. Le dôme est alors reconstruit tandis que le magasin H&M entre dans les murs.

Décorations extérieures de style néo-classique et le dôme des Nouvelles Galeries. Photo saint-etienne.fr

2007 n’est pas que l’année d’installation de cette franchise ! C’est aussi l’année de l’inscription partielle de ce bâtiment au titre des monuments historiques. Cette mesure porte explicitement sur la façade, la toiture et les piliers de fonte du rez-de-chaussée.

Mais, lorsque H&M s’installe, chaque client, et même chaque passant, a pu voir ces colonnettes classées disparaître sous un vulgaire coffrage ! Pourquoi ?

Les Nouvelles Galeries version H&M. Photos Serge Marcuzzi.

Philippe Peyroche, alors membre de la Commission Régionale du Patrimoine et des Sites (CRPS), en avait alerté le préfet de région.

La réponse embarrassée a été à la mesure du poids du patrimoine par rapport à l’économie : des gaines techniques engloberont des colonnettes préservées, mais devenues invisibles !

Salon du premier étage avec colonnes (non classées). Collection fonds iconographique Histoire & Patrimoine de Saint-Étienne.

A Saint-Étienne, l’hôtel qui occupe une partie des ex-Nouvelles-Galeries a choisi de conserver ces mêmes colonnes, prouvant ainsi la vacuité de l’argument avancé par l’administration en matière de sécurité.

Loft Hôtel : chambre et salle du petit déjeuner. Photo Serge Marcuzzi.

Le même résultat peut s’observer à Lyon aux "Subsistances", qui elles aussi reçoivent du public, ou même à la Samaritaine, à Paris. La franchise a donc choisi la facilité aux détriment du patrimoine local, aidée pour cela par le préfet et les ABF.

H&M a depuis quitté le navire, en laissant les colonnes dissimulées dans leur coffrage. Une nouvelle franchise va s’installer : un magasin Bio. Il y a là une occasion de remettre en valeur la structure originale du magasin. Ne serait-ce pas d’ailleurs un atout pour le cachet du nouveau commerce ? On n’imagine pas que les services de l’ABF restent indifférents à cet aspect de la protection du patrimoine stéphanois.

Une opportunité s’offre à nous pour rendre l’œuvre de Lamaizière à nouveau visible.

Nadège Niquet, association Histoire & Patrimoine de Saint-Etienne, membre de Sites & Monuments