La démolition de 2 immeubles de la rue de la Palud (classés comme "à conserver" dans le Site patrimonial remarquable de la ville), la première intervenue après le drame de la rue d’Aubagne, méritait toute l’attention des défenseurs du patrimoine. Environ 250 immeubles font en effet actuellement l’objet d’un arrêté de péril à Marseille...
Le souvenir de la démolition par l’occupant de 1500 immeubles en janvier 1943 dans le quartier du Vieux-Port (qualifié pour l’occasion de "quartier criminel") reste en effet vif dans les mémoires et le patrimoine urbain subsistant d’autant plus précieux.
Nous demandions ainsi que les façades des immeubles de la rue de la Palud (étrangères à la situation de péril) soient conservées par leur intégration au dispositif d’étaiement (voir ici), demande raisonnable, largement relayée médiatiquement, en rien "contradictoire" (voir ci-dessous) avec le traitement du péril. L’élaboration d’une doctrine permettant de sauver l’essentiel est en effet nécessaire afin de cadrer la vague de démolition annoncée.
Dans ce but, nous avons, en vain - voir l’ordonnance ci-dessous -, contesté le fondement choisi par la municipalité pour les démolitions : invoquant un danger imminent et utilisant les simples pouvoirs de police du maire (article L. 2212-4 du code général des collectivités territoriales), les façades protégées étaient en effet privées des garanties prévues par le code de la construction (permettant notamment l’intervention de l’ABF).
Alors que l’arrêté de déconstruction datait du 31 janvier, le retour momentané des habitants et l’organisation, le 4 février, d’un déménagement (notamment des appareils électro-ménagers, voir ci-dessous) nous semblait incompatible avec l’usage de cette procédure d’extrême urgence permettant au maire de se contenter "d’informer d’urgence le représentant de l’Etat dans le département" en lui "faisant connaître les mesures prescrites"...
Lors de l’audience de référé tenue le 21 février 2019 devant le Tribunal Administratif de Marseille, l’avocat de la municipalité révélait cependant que celle-ci avait, conformément à notre demande (voir ici), mandaté un bureau d’étude afin d’étudier la conservation de la partie basse des façades (voir ici). Cet effort était appréciable compte tenu de sa visibilité et de la qualité indéniable du rez-de-chaussée du n°41.
Pourtant, le 22 février 2019, lendemain de l’audience, l’adjointe au maire déléguée au logement se plaçait manifestement dans la perspective de démolitions massives et complètes, en s’appuyant explicitement sur la loi ELAN et invoquant un aval ministériel (voir ci-dessous). L’adjointe au logement annonçait en définitive des "reconstructions faites dans l’esprit du quartier".
La plus ancienne ville de France mérite plus d’égards !
Julien Lacaze, vice-président de Sites & Monuments
Consulter l’ordonnance de référé du TA de Marseille du 25 février 2019