
Situé au bord de la plage de Pors Carn, à Penmarc’h, dans le Finistère, face à la pointe de la Torche et à proximité d’importants sites archéologiques, le musée de la Préhistoire finistérienne détient des collections dont les objets proviennent de l’ensemble du Finistère, et de manière plus générale de l’Ouest armoricain [1]. Il couvre 500 000 ans d’histoire humaine et ses collections sont classées Monument historique depuis 1925. Non loin du musée, se trouvent les vestiges des alignements de la Madeleine et de Lestriguiou, dont l’importance avant leur destruction (de la fin du XIXesiècle jusqu’aux années 1960 à l’époque du remembrement) était comparable à celle de Carnac. [2]. Et il reste de nombreux mégalithes dans le territoire finistérien… À part deux ou trois stèles exposées au musée départemental breton de Quimper, aucun autre musée du département ne présente la préhistoire de cette pointe de l’ouest de l’Europe. Seul le gisement du Menez Dregan, daté du paléolithique inférieur (env. 475 000 ans), ouvert au public donne aux visiteurs l’aperçu d’un gisement fouillé pour son importance, notamment la présence de foyers probablement les plus anciens d’Europe. La richesse de cette région est telle, que des pièces maîtresses du Musée de Saint-Germain-en-Laye en proviennent : l’unique pointe de flèche armoricaine en cristal de roche connue à ce jour s’y trouve. Sur la plage de Pors Carn, au pied du musée, se trouvent cinq bassins de carénage du Haut Moyen Âge, qui ont probablement accueilli des bateaux à fond plat comme des drakkars [3].


Une collection prestigieuse


Le musée de la Préhistoire finistérienne présentait des collections d’environ 3 000 objets archéologiques provenant de 180 sites : bifaces, grattoirs, lames en silex, haches polies, pointes de flèche, mais également céramiques préhistoriques et protohistoriques, épées, poignards, pointes de lances, etc. [4]. Les nécropoles de deux sépultures de Plomeur y étaient reconstituées : l’une fouillée à « Roz an Tremen », gauloise, datant de la période armoricaine de la Tène, et l’autre de Saint-Urnel, célèbre pour ses crânes trépanés, remontant au haut Moyen Âge. Il comporte des œuvres exceptionnelles comme le menhir anthropomorphe représentatif de l’art figuratif dit mégalithique, rencontré à partir du Ve millénaire en Europe atlantique, exhumé à Laniscar au Trévoux. À l’extérieur, dans le musée de plein-air, sont toujours exposés des mégalithes remarquables, monuments funéraires du Néolithique dont l’allée couverte de Run-Aour, provenant du lieu-dit Cogel Runamor à Plomeur et des stèles de l’âge du Fer, comme celles de Saint-Jean-Trolimon. Ils ont été déplacés à cet endroit au début du XXe siècle, à partir de 1928, pour échapper à la destruction.


Un musée qui s’inscrit dans l’histoire de l’archéologie

Le musée est porteur de l’histoire de la fondation de l’archéologie en Bretagne, et de l’archéologie de la préhistoire en général. Il est l’héritier de la Société archéologique de Bretagne et de la Société archéologique du Finistère, créées respectivement par Arthur de La Borderie en 1854 et par René-François Le Men en 1873. Au cours du XIXe siècle, les chantiers de fouilles se multiplient à l’initiative notamment d’Armand du Châtellier et de son fils Paul [5] et les découvertes sont riches et abondantes. Il fallait un nouveau lieu de dépôt : le musée de la Préhistoire finistérienne est créé par la Société civile du musée d’archéologie de Penmarc’h et inauguré en 1923.
En 1926, Charles Bénard Le Pontois acquiert des terrains limitrophes pour constituer une nouveauté, un musée de plein air, que nous connaissons toujours aujourd’hui. L’établissement est reconnu d’utilité publique sous le nom d’Institut Finistérien d’Étude Préhistorique, le 12 août 1928. Dès ses débuts, le musée est conçu comme un centre de recherche et d’enseignement et il collabore avec la faculté des sciences de Rennes. Les difficultés financières du musée conduisent à sa cession à l’institut de géologie de l’université de Rennes le 25 août 1947. Le musée est alors rattaché au laboratoire d’anthropologie préhistorique de cette dernière, dirigé par Pierre-Roland Giot, et devient une station scientifique.

Un musée en danger
En 2012, l’université de Rennes-I annonce vouloir se séparer du musée, et prend contact avec le Conseil départemental du Finistère pour amorcer la démarche. Les archives du musée ont été déplacées dans les locaux de l’Université Rennes-I. À l’annonce d’une fermeture prévue le 1er mars 2014, un comité de défense se forme et contribue grandement à maintenir l’établissement ouvert. En dépit de l’absence de réaménagement muséographique récent, il attirait plus de 6 000 visiteurs chaque année !

Un projet de restructuration du musée est cependant inscrit au contrat de territoire 2015-2020. Depuis 2014, le musée de la Préhistoire est censé être « géré par conventionnement par la communauté de communes du Pays bigouden sud ». Le musée a fermé ses portes début 2020, pour « non-conformité aux règles de sécurité pour recevoir du public ».

Depuis, la plus grande partie des collections est déposée au Centre Départemental d’Archéologie du Faou, et les collections trop volumineuses pour être déplacées sans danger se trouvent dans le bâtiment du musée qui se dégrade. Un inventaire présentant un échantillonnage des objets présentés est disponible en ligne [6]. La réhabilitation et la reconversion du bâtiment sont souvent évoquées par la mairie de Penmarc’h. Certains formulent même des hypothèses dangereuses et hasardeuses : constituer « un tiers lieu culturel ouvert à tous », sans se soucier de l’avenir de collections aussi riches.
Depuis 2021 grâce à l’action du Comité de soutien du Musée de Penmarc’h, le musée continue à vivre en extérieur par son exceptionnel musée de plein air encore accessible au public. L’une des pistes de mise en valeur serait d’ailleurs de renforcer son intégration paysagère par des plantations et reprises de certains aménagements, constructions et mobiliers situés dans les alentours, par l’intervention d’un paysagiste chevronné. Pour célébrer le Centenaire du Musée, le 22 septembre 2023, le Comité de Soutien du Musée a organisé un colloque, précédé par un cycle de conférences. Des groupes scolaires sont accueillis ponctuellement pour apprendre à mieux connaître la préhistoire. De nombreuses animations spécifiques sont régulièrement mises en place, des activités de découverte, très suivies, des conférences, des événements particuliers comme la nuit des musées, les journées européennes du Patrimoine ou les deux journées européennes de l’archéologie qui ont accueilli en 2025 entre 500 et 600 visiteurs.


Signer la pétition pour sauver le musée de la Préhistoire finistérienne à Penmarc’h !

Le Comité de soutien du Musée de la Préhistoire finistérienne,
Sophie Grosjean-Agnes, délégué adjoint Sites & Monuments pour le Finistère
Frédéric Hérembert-Larnicol, délégué Sites & Monuments pour le Finistère