La juge des référés du tribunal administratif de Rennes a ordonné, le 12 mai 2017, la suspension du permis de construire d’un parc éolien en forêt de Lanouée (Morbihan) à la requête de Sites & Monuments et de riverains.
Il existerait en effet un doute sérieux sur la légalité de l’arrêté délivré par le préfet en février 2014, pour la construction d’un poste de livraison et de 16 éoliennes de 186 m de haut, dans la partie sud-est de la forêt de Lanouée, au regard de l’article R. 111-21 du code de l’urbanisme.
L’ordonnance se réfère à l’avis de l’Architecte des Bâtiments de France qui avait dénoncé « l’incohérence de ce projet par ses dimensions hors d’échelle avec la qualité paysagère de cette forêt remarquable du Morbihan à laquelle il porterait une atteinte irrémédiable ». En effet, la forêt de Lanouée, second massif forestier breton, est une Zone Naturelle d’Intérêt Faunistique et Floristique (ZNIEFF) de type 2, abritant 50 espèces protégées.
Elle prend en compte également la forte concentration des parcs éoliens dans le secteur et le sentiment de saturation de la population. Dans un rayon de 10 km de la zone d’implantation, les riverains subissent déjà l’impact visuel de 53 éoliennes.
Si, de son côté, la société canadienne Boralex, qui a racheté le projet éolien du groupe Louis Dreyfus, met en avant l’intérêt public lié aux engagements de la France en matière de développement des énergies renouvelables, la juge des référés considère « qu’un intérêt public s’attache également à la préservation du site concerné ».
Et elle ajoute que les massifs forestiers du type de la forêt de Lanouée « constituent plutôt aujourd’hui des sites d’exclusion de l’éolien ».
Ainsi, même si huit socles d’éoliennes ont déjà été coulés et si les chemins d’accès aux éoliennes, larges comme des avenues, ont gravement entaillé la forêt, tout n’est pas perdu. L’ordonnance du 11 mai 2017 est de bon augure pour les jugements sur le fond attendus dans les mois à venir.
Anne-Marie Robic, déléguée de Sites & Monuments pour le Morbihan