
Prix "Allées d’arbres"
Les dossiers primés à l’occasion de la dixième édition du Prix concernent des allées d’envergure modeste (450 mètres et 156 arbres pour la plus longue) mais ne déméritent pas pour autant. Les trois municipalités lauréates font preuve, dans des contextes très différents, d’un même engagement pour assurer l’avenir de leurs allées respectives. Les actions et bonnes pratiques qu’elles ont mises en œuvre sont autant d’exemples susceptibles d’encourager et d’inspirer d’autres propriétaires ou gestionnaires d’allées d’arbres.
Commune de Lisle (Loir-et-Cher) :
Allée de L’Épau : Chemin communal - 450 m, 156 platanes
Se donner les moyens de respecter le vivant
La double allée de l’Épau, plantée vers 1850, reliait à l’origine le bourg de Lisle au domaine du château de l’Épau, alignant 400 platanes sur une longueur de 600 mètres. Mutilée par la construction d’un viaduc en 1862, puis par les bombardements de 1940‑44 et par la tempête Lothar en 1999, l’allée compte aujourd’hui 156 platanes. Après avoir acquis en 2016 ce patrimoine naturel historique, élément marquant du paysage et de la vie sociale de la commune, la municipalité l’a inscrit dans le Plan local d’urbanisme intercommunal. Elle a ensuite engagé une démarche de restauration de l’allée : les cheminements ont été repris et un programme d’élagage des bois morts a été mis en œuvre pour sécuriser l’alignement, sans mettre en danger les chauves-souris identifiées dans l’allée, dont des Noctules, espèce quasiment menacée dans la région. Un protocole de travaux a été défini dans ce cadre avec l’association Perche Nature et validé par les services de l’État. La restauration doit se poursuivre avec le remplacement d’arbres manquants, en privilégiant l’utilisation de recépées. Une gestion exemplaire, montrant qu’il est possible de conjuguer préservation du patrimoine arboré, protection de la biodiversité et sécurité du public.
Commune de Maubourguet (Hautes-Pyrénées) :
Allées Larbanès - Route départementale - 250 m, 44 platanes
Ménager aujourd’hui pour demain
Les allées Larbanès, plantées vers 1830, font partie intégrante de l’histoire et de l’identité de la commune de Maubourguet. Cet alignement de platanes est d’ailleurs inscrit dans le Plan local d’urbanisme intercommunal. Classée depuis 2022 en zone d’enrayement du chancre coloré, la municipalité a dû procéder à d’importants abattages et a mis en œuvre un protocole sanitaire renforcé pour empêcher la propagation du champignon mortel. Consciente de sa responsabilité pour transmettre les allées Larbanès, l’équipe municipale a voulu réunir les conditions les plus favorables pour les préserver. Elle a ainsi lancé une démarche participative pour faire adhérer les commerçants et les riverains à l’indispensable projet de réaménagement de l’espace, en particulier la suppression du stationnement en épi entre les arbres afin de protéger les racines et limiter les blessures des arbres. Un plan de désimperméabilisation des sols et de revégétalisation a été mis en œuvre. Elle a formé techniciens et élus à la reconnaissance des symptômes de la maladie et aux mesures sanitaires à appliquer. Elle a également partagé les bonnes pratiques avec les propriétaires privés. La vigilance reste de mise mais la municipalité s’est donné les moyens de préserver l’allée emblématique de Maubourguet.
Commune d’Hellemmes (Nord) :
Allée de la Chapelle d’Elocques - Chemin piéton - 245 m, 62 tilleuls
Quand l’attention aux arbres va de pair avec l’attention aux habitants
L’allée piétonne de de la Chapelle d’Elocques s’inscrit dans l’histoire industrielle de la ville et de l’aménagement des cités‑jardins du début du XXe siècle. Épine dorsale de la cité ouvrière construite en 1923 par les ateliers de fonderie et de construction métallique Fives‑Cail‑Babcock, l’allée relie les jardins aux rues transversales qui bordent le site : elle est à la fois un lieu de passage quotidien et un espace privilégié de la vie sociale du quartier. La majeure partie de l’allée a été cédée à la ville et est inscrite à l’inventaire du patrimoine architectural de la métropole. Soucieuse de son patrimoine arboré, la municipalité a mis en place une gestion professionnelle de ses arbres, dont bien sûr les tilleuls de l’allée de la Chapelle d’Elocques : agents communaux arboristes-grimpeurs pour assurer des tailles respectueuses, chantiers‑écoles d’élagage avec un centre de formation local, suivi régulier de l’état sanitaire des arbres, replantations d’arbres manquants, lancement de diagnostics de biodiversité pour mieux connaître l’allée et faire connaitre son importance dans la ville. Autant de pratiques vertueuses pour le plus grand bénéfice des habitants et celui de l’imposante cathédrale végétale de la Chapelle d’Elocques.
