Depuis un certain temps, les éoliennes poussent comme des champignons dans nos jolies campagnes. Pour lutter contre des projets d’installation de plus en plus nombreux, il faut avoir l’âme chevaleresque. Ce n’est donc pas un hasard si l’association qui se mobilise contre l’implantation d’un nouveau parc éolien dans l’Yonne se nomme… Don Quichotte.

Comment ne pas tomber sous le charme de ce territoire qui possède un patrimoine architectural remarquable, des paysages diversifiés et une biodiversité particulièrement riche.

Mais depuis quelques années, l’Yonne a une autre caractéristique, nettement moins séduisante hélas, celle d’un nombre élevé d’éoliennes. Dans la région Bourgogne-Franche-Comté, le sud du département arrive en tête. Ses habitants se passeraient volontiers de cette première place.

À quelques encablures de Tonnerre et du Canal de Bourgogne, un nouveau projet éolien a été déposé en 2021 par la Société d’Exploitation du "Parc Éolien des Six Communes" afin d’installer dix aérogénérateurs de 200 m de hauteur en bout de pale et cinq postes de livraison sur les territoires de Bernouil, Vezannes, Junay, Vézinnes, Roffey et Tissey. La zone d’implantation est de 20,7 km². Ce projet dit des "Six communes" – nom presque romanesque s’il ne s’agissait d’éoliennes – touchera en réalité 27 communes alentour ; les six déjà nommées et 21 autres.
Les habitants des territoires concernés ainsi que les associations APFA et Don Quichotte sont d’autant plus mobilisés que dans un rayon de 25 km de la zone d’implantation existent déjà huit parcs éoliens (82 aérogénérateurs) et six autres autorisés ou en construction. Rien que cela !

Contre toute attente, le préfet de l’Yonne a autorisé l’exploitation et la construction du parc par un arrêté du 31 janvier 2025. Comment comprendre cette décision alors que les avis défavorables ou réservés se sont multipliés ?
En effet, la communauté de communes de Chablis et de nombreuses autres communes - dont celle de Tonnerre -, ont émis des avis défavorables. Natura 2000 s’est également opposé à ce projet tandis que l’INAO a rendu un avis très réservé - l’implantation du parc se situant sur des aires géographiques AOP et IGP – et l’ agence régionale de santé (ARS) un avis réservé compte tenu des risques de nuisance acoustique. Quant à la DRAC, elle a souligné de nombreuses co-visibilités ; avec les vestiges du château des Stuart, à Vézinnes, dont les façades et toitures sont inscrites au titre des Monuments historiques en 1962 ; avec l’église Notre-Dame de l’Assomption, à Dannemoine, classée au titre des Monuments historiques en 1943 ; avec l’église Saint-Jacques-le-Majeur, à Bernouil, classée Monument historique en 1979 ; avec les églises Saint-Pierre classée en 1920 et Notre-Dame classée en 1946, à Tonnerre. Et que dire de la co-visibilité avec le site patrimonial de Tanlay et son château, classé comme l’ensemble du domaine en 1994, ou bien encore avec le Canal de Bourgogne situé à deux kilomètres avec une vue directe sur les futures éoliennes.

Enfin, à l’issue de l’enquête publique, le commissaire enquêteur a rendu un avis défavorable. Dès lors, on comprend mieux la détermination des habitants et de l’association Don Quichotte prêts à partir en croisade contre ce projet.


Entre le lieu-dit « La Noue » et le cœur de Vézinnes, l’artiste Pierre Maraval, de renommée internationale, a installé une œuvre d’art contemporain « L’avenir nous regarde ». Dans le prolongement de celle-ci, on distingue l’église de Vézinnes et le château des Stuart… et le lieu d’implantation des éoliennes. Les habitants, eux, regardent l’avenir … qu’ils préféreraient sans ces mâts de 200 mètres de haut.
