Ris et le patrimoine de l’Auvergne ne doivent pas être oubliés

Survol du village de Ris. Photo communedeRis.fr

Ris, petit village rural du Puy-de-Dôme, enclavé en basse Auvergne entre Thiers et Vichy possède un patrimoine historique architectural très riche. Il héberge l’un des trois sites clunisiens remarquables de la région d’Auvergne avec son prieuré fondé en 932 par les moines de Cluny jouxtant l’église romane Sainte Croix-Sainte-Agathe construite au Xe siècle et classée monument historique le 6 novembre 1995.

Prieuré clunisien de Ris. Photo Wikimedia.

Sous l’ancien régime, le village de Ris était fortifié par un double rempart flanqué de vingt-deux tours dont il n’en reste aujourd’hui que quatorze en assez mauvais état. La ville était gouvernée par des moines de l’ordre de Cluny issus de la noblesse. Ils occupaient un prieuré, sur un tiers de la ville, attenant à l’église Sainte Croix.

Eglise Sainte-Croix-Sainte-Agathe classée monument historique en 1995.

Au fil des siècles, ce prieuré a été malmené par l’Histoire. Les appartements des prieurs et les logements des moines qui occupaient sa partie principale auraient été reconstruits durant la deuxième moitié du 18e siècle suite à un incendie. Le prieuré fut ensuite vendu à la découpe à des particuliers dans la période Révolutionnaire. Un majestueux escalier en pierre de lave est encore visible aujourd’hui dans l’appartement d’un des propriétaires.

Prieuré clunisien de Ris.

De la partie la plus ancienne du prieuré (XIVe-XVe siècle) il ne reste que la tour principale en bout de la résidence seigneuriale. Cette tour ronde, avec sa salle capitulaire était un haut lieu de la vie monastique à quelques pas de la vieille église. Elle était dévolue à la prière, à la gestion des affaires et aux prises de décisions. Dans ses combles, des graffitis sont encore visibles. Le portrait du premier maire de Ris qui l’a occupée après la Révolution y est toujours exposé.
Cette tour est en très mauvais état et menacée de ruine avec son toit percé. Je me suis adressée en vain à différents organismes pour tenter de la sauver et l’association Ris autrefois organise de nombreuses actions pour sensibiliser le public à la mise en valeur du passé de la ville mais ses moyens financiers ne lui permettent pas d’entreprendre des travaux.

Le manque d’entretien de cette tour n’est pas la seule préoccupation. On constate également :
 le non-respect à Ris du périmètre de protection de 500 mètres autour de l’église classée, comme l’exige la loi sur le patrimoine. On voit fleurir tout près de cette l’église romane des volets et fenêtres en plastique, alors que cela n’est pas toléré ailleurs (exemple à Châteldon, cité voisine).
 le manque d’intérêt de ses habitants et de ses élus pour mettre en valeur le bâti. Il y a pourtant de belles maisons à Ris, notamment une maison de ville en face de l’église très délabrée et une autre maison ancienne en pisé à droite du parvis de l’église. Il est utile et nécessaire d’encourager la rénovation et la construction en pisé, vieille technique traditionnelle isolante, au bilan écologique exceptionnel.

Ris, comme hélas bien d’autres villages pittoresques en France, souffre d’une forme d’abandon et devient très triste, une ville morte :
 il n’y a plus aucun commerce à part une toute petite épicerie, plus de cafés, plus de boulangerie.
 l’entrée de ville au niveau de la gare, le long de la départementale, n’est pas aménagée et donne une image négligée qui ne donne pas envie de rentrer dans le village, malgré la pancarte « Site clunisien » et l’indication de l’appartenance de la ville au Parc Régional du Livradois Forez.
 Le centre-ville et ses constructions traditionnelles sont délaissés au profit d’implantations périphériques pavillonnaires, de basse qualité esthétique. C’est le fameux "mitage" en milieu rural.

La mise en valeur et la restauration des villes aux alentours de Ris, tel le patrimoine archéologique de Glozel, pourrait relancer l’économie, l’artisanat et le tourisme de la région à l’image des villes voisines : Vichy, ville inscrite à l’UNESCO, Thiers ou Châteldon, célèbre pour son eau minérale de prestige et son château du XIIIe siècle inscrit Monument historique le 17 juillet 1926.

Château de Châteldon du XIIIe siècle.

Ne sacrifions pas ce qui fait l’histoire et le charme de nos villages à la modernité. L’Auvergne offre des paysages et un bâti traditionnel magnifiques, protégeons-les !

Chantal Bland, adhérente de Sites & Monuments