Stage de fin d’études à l’AgroParisTech chez Sites & Monuments : audit sur la "valorisation des patrimoines historiques, culturels, naturels et agricoles de l’ouest versaillais"

Sites & monuments et Yvelines Environnement, associations reconnues d’utilité publique et agréées pour la protection de l’environnement, ont le plaisir d’accueillir Cyrille Cobert dans leurs locaux pour un stage de fin d’études à l’AgroParisTech. Prolongeant une première réflexion menée il y a 10 ans, intitulée "Versailles, une nature à reconquérir", il s’agira pour Cyrille, pendant ses 6 mois de stage, d’explorer - en recueillant les témoignages des acteurs concernés - les "Conditions et moyens d’une meilleure valorisation des patrimoines historiques, culturels, naturels et agricoles de l’ouest versaillais".
Le domaine de Versailles est en effet aujourd’hui notamment privé de son lien avec le domaine de Marly et coupé de son prolongement occidental, jadis intégré à une monumentale composition paysagère d’André Le Nôtre et prolongée par des territoires, demeurés ruraux, d’une grande importance pour l’équilibre de l’agglomération du Grand Paris.
Souhaitons que cet audit puisse contribuer à la renaissance de l’identité d’un territoire et de paysages si profondément liés à notre histoire.
JL

Chemin rectiligne de la plaine classée de Versailles, vestige de l’avenue de Villepreux conduisant au château (sa chapelle est visible). Photo DR.

Etudiant à AgroParisTech, j’effectue actuellement un stage de fin d’études pour une durée de six mois. Dans ce cadre, un audit patrimonial sera mené sur les "Conditions et moyens d’une meilleure valorisation des patrimoines historiques, culturels, naturels et agricoles de l’ouest versaillais". Dans cette entité géographique - aux contours laissés volontairement imprécis afin que chacun des acteurs définisse le périmètre lui paraissant le plus cohérent - les enjeux sont nombreux, chacun des audits permettant d’en dégager de nouveaux, pour réfléchir à leur prise en charge.

Carte des chasses, version de campagne (vers 1787). L’écrin boisé, accentué par la topographie, canalise et prolonge la composition versaillaise vers l’ouest. Coll. Julien Lacaze, photo musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.

Si un tel audit semble s’imposer, c’est que les problématiques sont complexes, concernant de nombreux acteurs, sur un territoire qui est unique à bien des égards. Unique grâce à une histoire particulièrement riche. S’il est normal de penser spontanément à Versailles, à son grand parc de chasse façonné par Louis XIV et à l’ensemble de son emprise territoriale – immense si on considère les réseaux d’approvisionnement en eau par exemple –, il ne faut pas oublier tous ces pans de l’histoire liés à l’agriculture, à la vie quotidienne ou même à la défense militaire et caractérisés par un patrimoine exceptionnel : les fermes, les lavoirs, les châteaux forts comme celui de Beynes, sont autant d’éléments du patrimoine à valoriser. Les villes et villages regorgent de patrimoine bâti auquel les habitants s’attachent, et pouvant servir de point de départ à la reconstitution d’une identité de l’ouest versaillais. Unique également par son caractère rural, à proximité immédiate de Paris. Quelle métropole mondiale peut s’enorgueillir de donner à voir des champs à 30 minutes de son centre-ville ? Cette situation est bien sûr enviable, offrant une qualité de vie appréciable, mais est extrêmement fragile : comment garantir que, demain, cette ambiance rurale perdurera aux portes de Paris ? Comment faire face aux pressions en tout genre qu’une telle localisation engendre ? L’activité agricole est primordiale dans l’ouest versaillais, non seulement pour que la ruralité perdure, mais aussi pour proposer aux franciliens une offre de circuits courts dont ils sont de plus en plus demandeurs.

Pierre Patel (1604-1676), vue cavalière de l’ouest versaillais (1668). En arrière-plan, l’allée de Villepreux guide le regard vers l’infini. Le château semble occuper le centre d’un écrin, projetant le regard vers l’ouest, dont les reliefs sont ici représentés de façon exagérée. Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.

Fort de ces constats initiaux et de ces réflexions, je sillonne l’ouest versaillais afin d’auditer un certain nombre d’acteurs concernés par cette problématique. C’est ainsi que je vais à la rencontre d’agriculteurs et d’acteurs du monde agricole, d’élus, d’associations de protection de l’environnement et du patrimoine, d’entreprises, d’acteurs institutionnels et d’autres qui, de par leurs fonctions et leur intérêt, sont amenés à s’intéresser à cette problématique ou à un aspect de celle-ci. L’objectif étant, à terme, de recueillir l’expertise de terrain, de réfléchir à la prise en charge actuelle de ces questions patrimoniales et d’imaginer les actions à mener, c’est-à-dire le chemin d’un changement à venir.

Pour ce faire, j’utilise une méthodologie développée par l’UFR Gestion du Vivant et Stratégies Patrimoniales d’AgroParisTech : l’audit patrimonial. Sa trame générale suit une grille "IDPA" dont la signification des lettres est la suivante :
 I : Identification des entités et acteurs concernés, des problèmes vécus par les acteurs et du cœur stratégique du problème ;
 D : Diagnostic des différentes actions engagées ;
 P : Prospective avec formulation de 3 scénarios (tendanciel, négatif, positif) ainsi que d’enjeux, de menaces et d’atouts ;
 A : Proposition d’actions et d’un chemin de changement.

Cultivant l’espoir sincère que cet audit puisse apporter un autre regard sur l’ouest versaillais, regard qui servira de point de départ à des actions co-construites, à la hauteur des enjeux auxquels il doit faire face, à la hauteur de son histoire prestigieuse et de ceux qui ambitionnent de le faire vivre et de le faire rayonner.

Cyrille Cobert