Vaucluse : sauvegardons le Mont Ventoux, le vallon du Groseau et sa chapelle !

Chapelle du Notre-Dame-du-Groseau (XIIe siècle), classée monument historique par la liste de 1853, dans son environnement boisé.

L’association de Sauvegarde du Patrimoine de Malaucène (SPAM) a été créée en 2013 avec pour objet la défense du patrimoine naturel et bâti de Malaucène (Vaucluse), l’une des trois portes d’entrée au Mont-Ventoux et avec un objectif particulier, celui de la valorisation et de la défense du vallon du Groseau (voir ici).

Le projet immobilier (en jaune) est situé dans une "aire naturelle", en face de la chapelle classée de Groseau (XIIe siècle). On visualise bien la ligne de crête séparant en deux parties le projet immobilier.

Le Vallon du Groseau abrite un site archéologique important au sein d’une unité paysagère cohérente dont le relief forme une « porte » entre le site du pied du Ventoux (source et fontaine du Groseau) et le village. Les parcours des GR 91 et GR 4 sont essentiels dans la lecture des paysages (voir Étude paysagère ci-dessous). Les cônes de vue doivent être préservés notamment ceux qui s’ouvrent sur le sud de la Chapelle du Groseau vers les anciennes restanques productives. La chapelle classée depuis 1853 (voir ici) et le bâtiment en ruine des plâtrières sont des éléments patrimoniaux emblématiques ainsi que le bâti ancien des anciennes papeteries situé derrière la chapelle.

Chapelle du Notre-Dame-du-Groseau (entourée en rouge) dans son environnement naturel.

Dans ce vallon, un monastère mérovingien fut édifié en 684 par Arédius, évêque de Vaison. Détruit pendant les événements de Provence au IXe siècle, il fut reconstruit au XIIe siècle, le pape Clément V en faisant sa résidence d’été au XIVe siècle. La chapelle du Groseau témoigne aujourd’hui de cette histoire complexe.

Présentation des trois entités du projet (hôtel et logements ; appart’hôtel ; appartements et villas). Ces deux dernières composantes sont situées dans un paysage remarquable débutant après la ligne de crête (en rouge).

C’est dans cette écrin paysager, qu’un lotissement porté par l’entreprise de BTP belge ARTES, composé d’un hôtel, d’appartements, d’appart’hôtels et de villas, s’étalerait sur 4 hectares dans une aire naturelle à 100 m de la chapelle classée. Ce lotissement n’a donc rien à voir avec une « réhabilitation » de l’usine des papeteries de Malaucène qui se trouve bien plus loin, en aval du Groseau.

Ligne de crête séparant la zone urbanisée de la zone naturelle. A gauche, le projet d’hôtel sur le site de l’ancienne usine des papeteries ; au centre, projet d’Appart’hôtel ; à droite, lotissement dans une aire naturelle face à la chapelle (cercle rouge).

Nous ne comprenons pas comment un tel projet, à l’aune de la création du Parc Naturel Régional du Ventoux (dont la charte vient d’être adoptée par le conseil régional) et qui, dans ses principes fondamentaux, prétend « préserver les patrimoines du Mont-Ventoux, fondements de son identité et de son attractivité », puisse voir le jour.

"Trame verte réservoir de biodiversité" avec zone "à remettre en bon état". L’emplacement de la chapelle de Groseau est entouré en rouge.

Le projet immobilier, situé dans un écrin paysager, berceau historique du développement de Malaucène, à la source du Groseau, s’inscrirait dans la zone archéologique sensible, dans la zone de mobilité du cours d’eau, au beau milieu de zones humides et, qui plus est, dans une zone de biodiversité à restaurer. Ce complexe immobilier serait traversé par le chemin de grande randonnée et se trouverait à proximité de la forêt sur laquelle pèse un risque fort de feux.

Prévoir une "unité touristique nouvelle" (UTN) à cet endroit nous paraît être en contradiction flagrante avec une politique responsable et soucieuse de la préservation du Mont Ventoux et de ses environs immédiats.

En vert, espace de mobilité du cours d’eau (le Groseau). Deux des entités du projet immobilier, matérialisé en jaune (Appart’hôtel et villas), sont situées dans cette zone.

C’est la raison pour laquelle nous avons engagé un recours en appel devant la Cour administrative de Marseille contre le PLU de Malaucène qui permet ce projet, en totale rupture avec l’urbanisation existante.

Nous demandons ainsi au Préfet du Vaucluse, au Président de la Région PACA, aux délégués au SCOT, qui doivent se prononcer sur cette éventuelle "unité touristique nouvelle", de renoncer à ce projet qui défigurera ce magnifique vallon par un mitage irréversible et probablement contagieux.

Jean-Alain Mazas, président de l’association de sauvegarde du patrimoine de Malaucène (SPAM)

Consulter l’étude paysagère du vallon du Groseau commanditée par l’association SPAM