Vers un enterrement des vestiges classés de la carrière de la Corderie à Marseille ?

Début 2017, au cours de travaux destinés à la construction d’un immeuble résidentiel par la société VINCI, l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) met au jour le site d’une carrière grecque vieille de 2600 ans et un atelier de production de sarcophages.

La découverte est exceptionnelle et les habitants, dont notre correspondante Sandrine Rolengo, se mobilisent pour la conservation des vestiges. Ce qui passe par une protection au titre des monuments historiques. La commission se réunit en novembre 2017 et tranche pour le classement d’environ du quart du terrain. La partie protégée correspond exactement au jardin de l’immeuble projeté, l’emprise dévolue au bâtiment lui-même n’est pas concernée : un tracé fort opportun pour le promoteur (voir la tribune d’A. Gady) et notre article.

Mme Nyssen, ministre de la Culture, publie, le 8 novembre 2017, un communiqué qui rappelle le classement partiel du site et souligne les mesures prévues pour sa mise en valeur.

Depuis cette date - bientôt quatre ans ! - le site, longtemps exposé aux intempéries, est resté en l’état.

Dans un communiqué du 22 septembre 2021, intitulé "Les services de l’État œuvrent pour la protection et la mise en valeur du site archéologique de La Corderie à Marseille", le préfet de Région examine trois possibilités : la construction d’une structure pour abriter les vestiges ; leur enfouissement partiel avec des "« fenêtres » vitrées pour en observer les éléments les plus significatifs" ou leur enfouissement total "après mise en œuvre des travaux
nécessaires à leur conservation à long terme
". Le préfet de région retient cette dernière possibilité, qui consiste à revenir purement et simplement au projet initial du promoteur. La protection comme la "valorisation" des vestiges - totalement inaccessibles - seraient ainsi purement théoriques, sans possibilité de juger de l’évolution de leur état.

Sites & Monuments vient d’écrire une lettre à la ministre sur le sujet dans l’espoir de mobiliser les différents acteurs pour l’avenir de ce site exceptionnel.

François Béchade, secrétaire général adjoint de Sites & Monuments

Lire le communiqué du préfet de Région
Lire notre lettre à la ministre de la Culture