Communiqué : Mobilisation avec S. Bern à la « Villa Napoléon III » de Meudon, triste exemple des menaces incessantes sur le patrimoine naturel et bâti des Hauts-de-Seine

Le lundi 3 mai 2021 de 17h à 17h30. Villa située 11 bis rue des Capucins, parc donnant sur l’avenue Marcelin Berthelot, accessible depuis l’avenue du Château.

Parc de la villa Schacher à Meudon en cours de lotissement. Photo J. Lacaze / Sites & Monuments.
Photo J. Lacaze / Sites & Monuments

Le projet autour de la Villa Napoléon III à Meudon, est l’occasion d’aborder la politique de bétonnage menée en Ile-de-France et la place des arbres et de l’environnement qui ne bénéficient pas des protections qu’ils mériteraient. Meudon a la chance de conserver un des derniers exemples de villas suburbaines du Second Empire, construit sous Napoléon III par Charles Schacher, un représentant des nouvelles élites industrielles d’alors, qui a dépensé sans compter pour la décoration de sa demeure (voir ici).

Parc de la villa Schacher à Meudon en cours de lotissement. Photo J. Lacaze / Sites & Monuments.

Le jardin comprend toujours trois superbes arbres (un cèdre de l’Himalaya, un cèdre du Liban et un séquoia géant de Californie) plantés au moment de la construction de la villa, une fontaine et l’entrée d’une glacière. Si le projet immobilier validé par la mairie était réalisé, cette superbe maison se trouverait défigurée avec un jardin de seulement neuf mètres de profondeur.

Fontaine du parc de la villa Schacher à Meudon (devant être déplacée). Photo J. Lacaze / Sites & Monuments.
Glacière de la villa Schacher à Meudon réalisée en gogotte de Fontainebleau. Photo J. Lacaze / Sites & Monuments.

Cette densification à outrance voulue par l’État (lois SRU, ALUR, ELAN), favorisée par les municipalités, fait disparaître toute une part de l’architecture pavillonnaire de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle qui a fait le charme de nombreuses villes de la région parisienne. Tout raser pour couler des tonnes de béton, c’est transformer des îlots de fraîcheur riches en biodiversité en îlots de chaleur, c’est enlaidir et détériorer le cadre de vie des citoyens et favoriser l’artificialisation des sols (causes d’inondations récurrentes), c’est enfin ignorer notre histoire en détruisant des édifices et des sites remarquables…

Des Plans locaux d’urbanisme (PLU) imprécis et permissifs, au besoin modifiés en fonction des projets immobiliers, sont préférés à des Sites patrimoniaux remarquables (SPR) réellement protecteurs, à moins que ceux-ci ne soient délibérément vidés de leur substance.

Le cas de la villa Schacher pose la question de la pertinence du modèle urbain du Grand Paris. Celui-ci, renforçant une densification déjà trop forte, à l’époque du retour des pandémies, tourne le dos aux nouvelles modalités de travail, et s’apparente à une fuite en avant. Quelques métropoles, en particulier celle du Grand Paris, captent les forces vives de notre pays. Par un effet de ciseau, les patrimoines naturels et bâtis y sont sacrifiés au profit d’opérations de densification tandis que, dans le reste de notre pays, des logements de qualité restent vacants et se dégradent. Ce n’est plus acceptable !

De nombreux habitants de la couronne parisienne se sont manifestés pour décrire les mêmes types d’atteintes à leurs cadres de vie, les mêmes inquiétudes, les mêmes désespoirs. Partout en couronne parisienne les paysages urbains familiers se dérobent au profit de la banalisation qui prend chaque jour de l’ampleur au détriment de projets urbains raisonnables respectant l’existant. C’est ainsi que plus de 80 associations ont fait naitre, à mi-janvier 2019, le « Manifeste pour la préservation de la qualité des paysages urbains de la couronne parisienne ».

La liste des menaces patrimoniales est malheureusement longue dans les Hauts-de-Seine :

 À Chatenay Malabry, dans la cité-jardin de la Butte Rouge, édifiée à partir de 1931 et modèle du genre, un PLU destructeur doit servir de base à un Site patrimonial remarquable autorisant la démolition de 80% du bâti existant (voir ici et ici) ! Dans cette même commune, une belle maison Art Nouveau de Gabriel Reige et son parc d’arbres centenaires sont en cours de destruction au profit d’un projet de 49 logements et 2 commerces ;
 À Sèvres, la démolition de l’enceinte et du pavillon de garde de la Manufacture, doublement classée au titre des monuments historiques et des sites et partie intégrante du domaine national de Saint-Cloud, a été décidée à la demande du département des Hauts-de-Seine pour y favoriser la circulation (voir ici et ici) ;
 Les berges entre Saint-Cloud et Suresnes seront privées de leurs arbres d’alignement, la rive végétale étant remplacée par une promenade minérale ;
 À Chaville, la Maison du peintre André Dunoyer de Ségonzac, construite au XIXe siècle, classée au plan local d’urbanisme de Chaville il y a quelques années, ne sera plus entourée de ses 2 700 mètres carrés de jardin avec arbres des hautes tiges, remplacés par une résidence de 23 appartements, deux maisons individuelles et un parking souterrain de 30 places (voir ici) ;
 À Ville d’Avray, les étangs de Corot, site classé depuis 1936 pour son patrimoine naturel remarquable (voir ici et ici), ont été défigurés en vertu d’un principe de précaution dévoyé, sans prendre en compte des solutions alternatives permettant de sécuriser et préserver le site.
 À Ville-d’Avray, toujours, de nombreuses maisons remarquables disparaissent au profit de projets immobiliers à la pauvreté architecturale affligeante (voir ici), comme à Saint-Cloud, Clamart, Vanves…
 À Boulogne sur l’Ile-Seguin : Après des mois de mobilisation citoyenne, soutenue en février dernier par Stéphane Bern, le projet architectural de Vinci, Icade et Hines vient d’être stoppé au bénéfice de Bouygues pour un projet de campus de sa filiale Bouygues Télécom. L’espoir d’un projet architectural raisonné, respectueux de l’histoire du lieu et de son patrimoine naturel remarquable renaît...

Villa Schacher à Meudon avec sculpture de Diane par Albert de Jaeger. Photo J. Lacaze / Sites & Monuments.

Pour dénoncer les projets passés et ceux à venir dans les Hauts-de-Seine, l’association Sites & Monuments et le Groupe National de Surveillance des Arbres (GNSA) s’associent à la mobilisation engagée par François de Vergnette pour la préservation de la villa « Schacher » à Meudon. Elles seront présentes lundi 3 mai 2021 de 17h à 17h30 pour la venue de Stéphane Bern qui viendra témoigner publiquement et prendre le relais de cette mobilisation.

Contacts :
François de Vergnette – francois.de-vergnette@wanadoo.fr – 0641198122
Sites & Monuments délégation Hauts-de-Seine :
Hélène Seychal, déléguée adjointe et contact presse – helene.seychal@sitesetmonuments.org – 0684540195
Brigitte Compain-Murez, déléguée et contact Manifeste – bcompain@orange.fr
Groupe National de Surveillance des Arbres (GNSA) :
Alexis Boniface, Président – alexis@gnsafrance.org