Sites & Monuments est favorable à l’énergie photovoltaïque au sol dès lors que les projets sont de taille raisonnable lorsqu’ils sont implantés dans des zones déjà artificialisées : friches industrielles, délaissés routiers, anciennes carrières à l’abandon, toits de grandes surfaces, ombrelles de parkings (voir ici).
Sites & Monuments s’oppose par contre aux mégaprojets photovoltaïques tels le projet Solarzac de 400 hectares sur le plateau du Larzac, en plein cœur du « bien Unesco Causses et Cévennes, patrimoine culturel de l’agropastoralisme méditerranéen ». 400 ha auxquels s’ajoutait une usine de méthanation extrayant le CO² de l’air par le truchement de 1200 extracteurs afin de produire du méthane en vue de le transformer en carburant.
Ce projet démesuré était avec raison contesté par l’ensemble du milieu associatif. A l’initiative de Sites & Monuments, un communiqué commun à FNE, la LPO et les associations régionales ou locales (Terres du Larzac - Terres de biodiversité, Fédération des Grands Causses, TNE Occitanie Environnement) a été rédigé.
Les associations, unanimes, y ont affirmé que ce projet n’était pas d’intérêt général. Destiné à alimenter une demande toujours croissante en énergie, il s’inscrit en effet dans des logiques financières à courte vue. Situé loin des zones de forte consommation, il réduirait, en artificialisant les sols sur 400 hectares aujourd’hui à vocation agricole et pastorale, l’espace vital des espèces et des écosystèmes locaux, dans une zone Natura 2000 riche en biodiversité et à l’avifaune remarquable… De par son caractère démesuré, ce projet détruirait durablement la qualité des paysages ouverts qui caractérisent le Larzac.
De surcroît, ce projet, situé en plein cœur du « bien Unesco », est en opposition avec un usage du territoire "représentatif d’une culture et d’une interaction humaine avec son environnement" (critère n°5 ayant permis l’obtention du label Unesco) et mettait ainsi en danger les labels Unesco et Grand Site de France.
Il encourageait aussi la spéculation foncière liée à la ruée vers les énergies vertes, venant compromettre l’installation et le maintien des paysans. Les associations ont donc confirmé leur refus d’un projet incompatible avec la protection de l’identité naturelle, culturelle et paysagère du Larzac. Le Larzac n’est ni un désert ni une terre à industrialiser. Il ne doit pas être artificialisé, son eau rare devant être laissée aux hommes et aux troupeaux et ses grands paysages préservés avec la biodiversité qu’ils abritent.
Le 20 octobre, à l’issue d’une concertation publique sous l’égide de la Commission nationale du débat public (CNDP), l’opérateur a annoncé l’ajournement de son projet (voir ici), précisant toutefois qu’il reviendrait dans un an pour un nouveau projet réduit de moitié. Il semble ainsi que, plus attentif à son business plan qu’au trésor naturel qu’est le Larzac, l’opérateur envisage de faire varier le degré de dénaturation du site. Les associations ne sont pourtant pas prêtes à marchander sur le nombre d’hectares concerné.
Soucieux de préserver l’attractivité du Larzac - indissociable de la qualité exceptionnelle de son environnement - les associations demandent aux pouvoirs publics de renforcer sa protection par tous les moyens légaux et financiers appropriés. Autrement dit, de préciser et de rendre opposable le plan de gestion du bien Unesco en matière d’énergies renouvelables, photovoltaïque et éolien compris (voir ci-dessus). Sites & Monuments a dès, le 5 juin 2019, demandé une telle évolution au Préfet coordonnateur du « bien Unesco », à savoir la Préfète de la Lozère.
Plus spécifiquement concernant le Larzac, qui demeure menacé par cet opérateur, Sites & Monuments a demandé une audience au Préfet de l’Hérault.
Bruno Ladsous, délégué régional pour l’Occitanie
Christine Combarnous, déléguée départementale pour l’Hérault