Deuxième contribution, après celle de Philippe Peyroche (lire ici), au débat sur les conséquence paysagères de l’énergie éolienne, nous reproduisons ici le texte d’une conférence donnée par notre délégué pour l’Eure-et-Loir en décembre 2017, à la mairie de Frunce, petit village de 300 habitants situé à 20 km à l’ouest de Chartres, en présence du maire et du promoteur. Celle-ci a pu réunir une centaine de personnes grâce au concours de l’association "entre Perche et Beauce" et de riverains.
Éoliennes, éolien, définitions : qui est relatif à Éole le dieu du vent de la mythologie grecque... Mais aussi machine à ailes ou à pales qui utilise la force motrice du vent pour produire de l’énergie. Les éoliennes transforment l’énergie cinétique du vent en énergie mécanique (intermédiaire indispensable pour la production d’électricité) ce qui n’est pas sans conséquence : la nacelle contient une machinerie lourde et complexe.
Avant d’entrer dans le détail des arguments il faut garder en mémoire deux points fondamentaux que les plus farouches partisans de l’éolien ne peuvent réfuter :
1/ le vent est irrégulier ; ses variations sont fréquentes, de grande amplitude et également caractérisées par des pentes abruptes (pour l’anecdote un spécialiste des ouragans aux Etats-Unis qui introduit des données informatiques depuis plus de 10 ans, se déclarait récemment incapable de définir leur trajectoire précise) ;
2/ il n’est pas possible de stocker d’importantes quantité d’électricité, or le fonctionnement du réseau de distribution ne peut se dispenser d’un équilibre permanent entre production et consommation, sous peine de détériorations.
Une étude de l’association internationale de producteurs d’électricité (VGB power teck) publiée en juin 2017 montre que les 150 Gigawatts d’éoliennes installées dans 18 pays Européens en 2016 ont produit en moyenne 33 Gigawatts (22 %) et au minimum 6,5 GW, soit seulement 4% de la puissance installée.
Ceci montre que l’éolien ne contribue pas à la sécurité de l’approvisionnement et exige une capacité quasiment équivalente de systèmes de secours (centrales ou stockage).
Exemple particulier de stockage : les éoliennes Danoises dont l’excès de production en cas de vents forts est affecté au pompage de l’eau dans les barrages Norvégiens qui restituent de l’électricité aux Danois lorsque le besoin s’en fait sentir (mais ce n’est possible qu’en raison d’une situation géographique particulière et n’est pas gratuit). Le gouvernement Danois n’a pas reconduit le tarif de rachat de l’électricité éolienne jugé trop coûteux. Plusieurs entreprises danoises d’éolien sont en difficultés financières.
Et maintenant à Nous !
La machine est constituée en général par un mât en acier de 150 m de hauteur et d’un rotor de 50 à 60 mètres de diamètre soit une hauteur totale de 200 mètres environ. Le ressenti de la vue des machines est bien exprimé par Jean-Louis Butré, président de la Fédération de l’environnement durable « Au premier contact en regardant une éolienne à une distance de 4 kilomètres, elle semble majestueuse. Elle tourne lentement et par temps calme nombreux sont ceux qui la trouvent belle voire paisible et rassurante. Pourtant une sensation inquiétante naît en regardant à cette même distance un groupe d’éoliennes classiquement composé de 10 aérogénérateurs de 185 mètres de haut disposés à 400 mètres les uns des autres en arc de cercle. Le sentiment de malaise augmente en s’approchant de ce complexe. D’abord, le gigantisme apparaît et puis surtout le fait que tout disparaît autour ».
Pour vous faire une autre idée vous pouvez voir aux Etilleux, à 10 km au sud de Nogent, un pylône cylindrique en béton peint en blanc et avec un chapeau rouge. Sa hauteur est de 110 mètres. Il servait de relais pour les liaisons téléphoniques vers Brest. Lui est fixe et il n’est plus exploité depuis des décennies mais reste bien visible.
Les éoliennes sont équipées sur le mât et sur la nacelle de plusieurs feux clignotants en permanence, blancs le jour et rouges la nuit. La demande effectuée par certains d’une peinture en vert à été rejetée par la direction de l’aviation civile qui n’a accepté à la place du blanc qu’un gris pas trop foncé. La distance réglementaire entre machines ne doit pas être inférieure à 400 mètres pour éviter les projections en cas de défaillances.
A noter que la distance minimum des maisons à été maintenue à 500 mètres par le député M. Brottes et l’ancienne majorité présidentielle malgré la demande pressante des associations et du sénat qui souhaitaient qu’elle soit portée à au moins dix fois la hauteur de mât soit en l’espèce 1500 m. Compte tenu des distances entre machines imposée, un groupe de 10 éoliennes à une emprise au sol de 10 hectares qui restent cultivables (sauf à vérifier l’incidence des socles de fondations, de l’emprise des chemins de desserte et du transformateur).
Les fondations nécessitent l’injection dans le sol d’environ 800 à 1000 m3 de béton et de 80 tonnes de ferraille. Certains font état d’un poids total hors machine de 800 tonnes. La durée totale des travaux est de l’ordre de 4 mois et implique le passage de 1300 camions. Le poids de la machine est de l’ordre de 400 tonnes dont 70 tonnes pour la nacelle qui contient différents mécanismes et circuits électriques et électroniques télécommandés. On y trouve des terres rares comme le lanthiane dont la résistivité est inférieure de 95% à celle de l’aluminium pourtant considéré comme un bon conducteur électrique. Il y en a 400 kg par machine.
Les pales en fibre de carbone deviennent cassantes au bout de 10 ans et doivent être remplacées, leur longueur de 30 à 40 mètres impose leur transport par convois exceptionnels ; la durée de vie des machines est, elle, estimée à 20 ans. Il y aurait actuellement dans le monde d’après le scottish natural héritage et le département spécialisé des systèmes industriels de l’université de l’Iowa aux usa (2016) 225000 tonnes de déchets plastiques de pales d’éoliennes. Personne n’avait pensé à ce bilan carbone calamiteux.
Avec un vent de 30 à 85 km/h elles produisent de l’électricité à une tension de 400 à 690 volts qui est ensuite transformée à 20 000 volts. Bien qu’elles tournent lentement la vitesse en bout de pale atteint 300 km/h. Avec un vent de 5 m /seconde les éoliennes ne produisent qu’à 10% de leur capacité, avec un vent plus de 25 m /seconde il faut les arrêter pour qu’elles ne se brisent pas et pour que leur usure ne soit pas prématurée.
Il est fréquent qu’un premier groupe d’éoliennes en attire d’autres au point qu’on assiste à certains endroits comme le long de l’autoroute A 10 au sud est de Chartres à des phénomènes de saturation visuelle, signalés par l’administration elle-même Toutefois les inspecteurs ne veulent pas les prendre en compte tant qu’un village n’est pas entouré à 360° par des vues éoliennes qui interdiraient toute « respiration ». La menace de saturation pèse très fortement également en Picardie (la chaîne de télévision France 3 y a consacré un reportage).
Une association s’est opposée victorieusement à l’implantation d’éoliennes situées en face du château d’Amboise à 14 km. Il a fallu pour cela que des photos soient prises à partir d’une montgolfière. Toutefois le classement du val de Loire en site de protection Unesco a sans doute pesé dans la décision de refus de ce projet.
En 2004 des paysagistes ont effectué un remarquable travail destiné à l’élaboration de la directive ministérielle de protection des vues de la cathédrale de Chartres classée par l’Unesco en 1979. Une zone de protection de 23 km de rayon impliquant 51 communes à été déterminée mais son application était subordonnée à la signature d’un décret ministériel à laquelle une majorité de maires (dont celui de Chartres) s’est opposée. Cette zone a déjà été rongée par des installations situées à moins de 18 km. La Direction Régionale de l’environnement, de l’air, et du logement (DREAL) aurait effectué récemment, à l’aide d’instruments sophistiqués de type laser, un recensement des cônes de vues à protéger, dont la publication serait subordonnée… à l’accord des maires ! La DREAL prétend officieusement en tenir compte mais elle affiche, cette fois publiquement sur son site, son soutien au développement de l’éolien.
Les éoliennes, éléments industriels, sont soumises à la réglementation des ICPE, (installations classées pour la protection de l’environnement) comme tous les établissements industriels susceptibles de provoquer une pollution.
Le dossier d’instruction des demandes d’autorisation (désormais couplées à celui des demandes de permis de construire (pour raccourcir les délais) est soumis à enquête publique et à l’établissement d’un rapport d’inspection qui doit faire état des nuisances possibles sur la protection :
– des vues ;
– des sites et des paysages ;
– des effets stroboscopiques (ombres portées, en particulier au coucher du soleil)
– du bruit ;
– des zones de protection des oiseaux ;
– des nappes phréatiques ;
– des ondes électro-magnétiques ;
– de tout risque de pollution.
Si l’un de ces points appelle des questionnements il est nécessaire de recourir à des expertises mais leur coût est pris en charge par les promoteurs ce qui jette un doute sur l’impartialité de leur approche.
Le nombre de commissaires enquêteurs émettant un avis défavorable est très faible. A l’évidence le rapport des inspecteurs des ICPE est instruit à décharge.
A ce sujet, le dossier du projet de Charonville-Saumeray situé à 18 km au sud-est de Fruncé fourni eu exemple intéressant On y relève les observations suivantes :
La présence de la zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique « vallée du loir près de saumeray » caractérisée par la présence de petits plans d’eau abritant 77 espèces d’oiseaux nicheuses d’intérêt patrimonial, et 11 espèces de chauves-souris, située à 2500 m n’a pas été prise en compte, malgré la présence également de plusieurs milliers de vanneaux et de pluviers dorés en hiver. Le commissaire enquêteur a recommandé q’une étude sur la mortalité des oiseaux soit effectuée dans les 6 mois après réalisation du projet ! Et le promoteur s’est engagé à brider le fonctionnement d’une éolienne entre les mois d’avril et août pour prévenir la surmortalité des chauves-souris !
Une zone de sensibilité forte à la remontée des eaux a été signalée (la nappe de craie se trouvant entre 10 et 20 mètres de profondeur) à cet endroit. Le promoteur a répondu que des fondations spéciales seraient étudiées et qu’il n’y aura pas d’impact sur la qualité des eaux souterraines. Où, quand, comment ? La réponse a été jugée satisfaisante sans commentaire.
L’étude d’impact a recensé 59 monuments historiques dans l’aire d’étude dont 13 sensibles ont fait l’objet de photos-montages réalisés par le pétitionnaire et un spécifique pour la zone de protection d’Illiers-Combray située à 4 km. La conclusion a été l’absence d’impact ou un impact modéré en matière de co-visibilité (certes mais huit éoliennes de 200 m de hauteur, ça se voit) et dans son avis défavorable la DRAC (direction régionale des affaires culturelles) a précisé que les photos-montages présentés par le pétitionnaire ne permettent pas d’apprécier pleinement l’impact du projet sur ce patrimoine !
Nota : Depuis la directive du 1er juillet 2006 et son décret du 20 décembre 2006 la France reconnaît juridiquement le paysage en tant que composante essentielle du cadre de vie des populations expression de la diversité de leur patrimoine commun, culturel et matériel, fondement de leur identité.
L’absence de réponse de l’autorité environnementale dans le délai réglementaire à été considéré comme une absence d’observations (on peut s’interroger sur la date à laquelle le dossier lui a été adressé : un 8 juillet pour un délai expirant le 8 septembre, un hasard de vacances estivales malencontreux ?)
Le promoteur s’engage à ce que les habitations ne soient pas exposées à un champ magnétique émanant des aérogénérateurs supérieur à 100 micro teslas à 50-60 herz (curieusement on ne parle jamais de ce champ là).
Pour l’anecdote on notera que des travaux d’isolation acoustique d’une maison et le bridage temporaire d’une éolienne en cas de bruit excessif ont été imposés au promoteur.
Bref, fortes de tout ces élément considérés comme acceptables, l’inspection des sites classés à proposé au préfet d’autoriser la réalisation du projet et la commission départementale de la nature des sites et de paysages à émis un avis favorable par 11 voix sur 13 (ce qui prouve que le conditionnement des idées effectué par le gouvernement avec l’appui complaisant et déterminant de certains médias est efficace) !
Un recours contentieux contre le permis de construire délivré par le préfet d’Eure-et-Loir a été effectué au tribunal administratif d’Orléans, il est en cours d’instruction.
Et maintenant que les craintes et les réserves formulées n’ont pas été prises en considération qu’en est-il pour les riverains ?
Tout d’abord ils doivent informer les acquéreurs éventuels de leur propriété de l’existence du projet. Il en va de même pour les agents immobiliers et les notaires. Faute du respect de cette obligation d’information la vente peut être annulée si l’acquéreur porte plainte. Une décision de justice en ce sens a été prononcée récemment dans le département de l’Orne.
Quel impact sur la valeur de leur bien ? Il ne peut pas être déterminé avec précision mais le simple bon sens indique que le nombre d’acquéreurs potentiels contrairement aux affirmations d’un promoteur qui faisait état des résultats d’une étude effectuée aux Etats-Unis, ne peut qu’être minoré. Il n’est pas sûr non plus que le souhait exprimé par un commissaire enquêteur de l’installation d’une buvette à proximité des éoliennes pour accueillir les visiteurs venus les admirer y remédie. En France la diminution de la valeur du bien varierait de 20 à 40% et de surcroît le nombre d’acquéreurs potentiels diminuerait de 70 %.
Les personnes qui n’apprécient pas, la perte totale du caractère rural d’un site, sont les plus nombreuses, quoiqu’en disent les médias. Désormais il s’agit d’une zone semi industrielle. Une éolienne de 200 mètres de hauteur ne ressemblera jamais à un moulin à vent, d’autant plus quand il y en a une demi douzaine. Et ce n’est pas la synchronisation des feux clignotants de balisage « consentie » par les promoteurs qui y changera quelque chose. L’implantation d’éoliennes s’approprie l’espace commun.
Et le bruit ?
Selon des données anciennes il s’élèverait à 55 décibels au pied de la tour à comparer aux 80 décibels émis par une voiture en déplacement qui sont estimés correspondre au seuil de fatigue.
Une intéressante étude Irlandaise publiée par le gouvernement en février 2017 sur ordre du commissaire à l’information environnementale montre qu’une distance minimum de 1200 mètres d’une éolienne de 175 mètres de hauteur et d’une puissance de 3,5 kwh, est nécessaire pour que la limite absolue de 40 décibels ne soit pas franchie. Cette limite a été fixée par l’OMS (organisation mondiale de la santé).
En France, il faut savoir que la limite autorisée de 30 db à été subrepticement relevée à 35db par une simple modification règlementaire sans aucune consultation. A une question posée par Madame Anne – Catherine Loisier, sénateur de côte d’or en 2015 le ministère de l’environnement à répondu que les installations éoliennes ne sont plus régies par le code de santé publique mais qu’elles relèvent depuis l’arrêté ministériel du 26 août 2011 de la réglementation des ICPE et qu’une étude a été demandée à l’ANSES en juin 2013. Ces 5 décibels supplémentaires autorisés correspondent en acoustique au triplement de la source sonore. Le rapport de l’ANSES (agence de sécurité sanitaire) publié en avril 2017 conclut ainsi : « Si les éoliennes sont des sources d’infrasons et de basses fréquences sonores, aucun dépassement des seuils d’audibilité dans les domaines des infrasons et basses fréquences jusqu’à 50 hertz n’a été constaté ». Je suis comme vous ce genre de données officielles ne me parle pas trop sauf pour ce qui concerne les infrasons : « inaudibles par l’humain ceux-ci ne font pas plus de bruit que le battement du cœur transmis dans notre corps par l’oreille interne. Mais en provoquant des phénomènes de résonance dans les cavités thoraciques ou de pulsations ressenties ces infrasons peuvent se traduire en vibrations constantes donc entêtantes
L’académie de médecine dans un communiqué du mois de mai 2017 fait état (comme nombre d’études réalisées à l’étranger) d’un syndrome de l’éolien dont souffrent les riverains, caractérisé par des troubles auditifs, une fragilité visuelle, une sensibilité psychologique qui se traduisent par :
– des troubles du sommeil ;
– des maux de tête ;
– des acouphènes (bourdonnement ou tintement dans les oreilles) ;
– des vertiges ;
– des nausées ;
– des troubles de la vue ;
– de l’irritabilité ;
– de la tachycardie (battements rapides du cœur) ;
– des pertes de mémoire.
L’académie recommande donc de n’autoriser la construction d’éoliennes que dans des endroits ayant fait l’objet d’un consensus de la population concernée, d’entreprendre une étude épidémiologique, de revenir au seuil réglementaire initial de 30 décibels maximum. Elle « reconnaît » que son souhait d’éloigner les habitations de 1500 m au moins réduirait le nombre possible de programmes éoliens de 50% ! Une telle mention est terriblement révélatrice. En effet l’Académie de Médecine n’a pas pour mission de compter les éoliennes, ce qui laisse penser qu’elle à reçu des « recommandations » pour ne pas restreindre l’activité du lobby éolien.
Mais plus que l’intensité du bruit c’est le caractère intermittent,aléatoire, imprévisible, envahissant du bruit généré par les pales, survenant quand le vent se lève, variant avec son intensité, interdisant toute habituation qui est le plus dérangeant. Ce sont notamment les modulations d’amplitude causées par le passage des pales devant le mât qui sont dénoncées (ce rapport de l’académie de médecine de 38 pages est consultable sur internet).
Mais alors si l’on peut considérer que les riverains ne sont pas particulièrement gâtés (toute indemnisation paraît juridiquement impossible et la réduction de la tarification d’électricité, à l’état de promesse, peu probable). Quels sont ceux qui seront satisfaits ?
Les propriétaires des terrains ?
On pourrait le croire, mais leur situation n’est pas sans quelques inconvénients surtout à long terme. : la rédaction des baux (ou des promesses) est faite par des juristes spécialisés ; il est parfois très difficile de s’en défaire. Un agriculteur de Picardie qui s’opposait à la modification des chemins de desserte sur ses terres cultivées n’a obtenu gain de cause qu’au bout de 5 ans de procédures difficiles et coûteuses.
Certes ils vont percevoir un loyer de l’ordre de 6 à 8000 euros par machine et par an mais cela au prix de grandes inquiétudes. Le caractère emphytéotique de leurs baux permet qu’ils soient cédés à des tiers, mais surtout, les promoteurs éoliens ont l’habitude de créer des filiales sous capitalisées (il y a 120 sièges sociaux domiciliés dans un cabinet d’expertise comptable à Strasbourg) et leur surface financière est difficile à appréhender. Or dans dix ans il faudra remplacer ou faire un gros entretien du matériel et dans 20 ans démanteler. Ce n’est pas la provision de 50 000 euros prévus par l’administration qui suffira, surtout en cas de pollution. S’il fallait excaver le socle en béton ce coût s’élèverait de 650 à 850 000 euros. Rappelons que chaque éolienne contient 600 litres d’huiles industrielles et que 10 litres d’huile suffisent à polluer le sol en milieu naturel. En cas de défaillance du promoteur la responsabilité du propriétaire sera juridiquement recherchée. Et si le propriétaire ne peut faire face ce sont ses héritiers qui seront recherchés puis la commune.
Il est prévu qu’en fin d’exploitation une couche de terre de 1mètre d’épaisseur soit rapportée à l’emplacement des socles en cas de terres cultivées et 0,50 mètre dans le cas inverse et que les câbles soient enlevés dans un rayon de 10 mètres ; donc le terrain restera une friche industrielle.
Si les éoliennes sont soumises à la réglementation des ICPE (installations classées pour la protection de l’environnement) ce n’est pas pour rien et les promoteurs qui ont essayé de faire sauter cette contrainte se sont jusqu’à présent cassé les dents.
Plus le temps passe et plus les risques liés à l’obligation de démantèlement s’accroissent. Pourquoi ?
Parce que les limites de la technologie de l’éolien sont désormais bien connues et que le handicap provoqué par l’intermittence du vent est insurmontable. En conséquence d’ici à 15 ans d’autres modes de production vont venir la concurrencer,ce qui peut entraîner une diminution du prix de rachat de l’électricité. Si la rentabilité n’est plus jugée satisfaisante par les promoteurs, ils s’en iront et laisseront la charge du démantèlement aux propriétaires des terrains.
Les loyers perçus entrent fiscalement dans la catégorie des bénéfices industriels et commerciaux ce qui provoque l’exclusion de toutes les parcelles des dispositions des groupements fonciers agricoles (GFA) ; perte du bénéfice de l’exonération des droits de mutation à titre gratuit sur la totalité des parts qu’ils détiennent. On aurait pu adoucir le sort des héritiers mais l’administration fiscale en a décidé autrement.
Et quels revenus pour les communes ?
Les impôts et taxes redevables par les promoteurs, dont une part doit revenir aux communes, sont nombreux et de différente nature. Leur appréhension est difficile. Exemple : la taxe professionnelle a été remplacée par la contribution territoriale qui soumet les exploitants à la cotisation foncière des entreprises (désormais les mâts ne sont plus imposables , il n’y a plus que le socle qui l’est). Il faut y ajouter la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (2,913 euros par kw) et l’imposition forfaitaire des entreprises de réseau (répartie à raison de 50% à l’intercommunalité 30% au département, 20% à la commune). En outre le reversement à la commune varie selon qu’elle appartienne ou non à un EPCI (établissements publics de coopération intercommunales). Toutefois on compte en France au 1er janvier 2017, 1266 ECPI dont 14 métropoles, 15 communautés urbaines 219 communautés d’agglomération, 1849 communautés de communes et seulement 5 communes isolées. On le voit dès que l’on s’approche de l’administration et de l’administration fiscale en particulier, rien n’est simple et facilement compréhensible. Nous ne pouvons donc formuler à ce sujet que des estimations par de rares possibilités de recoupement. Les promoteurs parlent de 15 000 euros de recette par éolienne et par an, une commune de 4000 habitants, de 15 000 euros et pour une petite commune de 5000 euros par an. Une autre source fait état de 15 000 euros dont 30% pour la région, 50% pour la communauté de commune et 20% seulement pour la commune. Quant au commissaire enquêteur de Charonville-Saumeray il annonce 21000 euros par éolienne dont 94% pour les communautés de communes et 6 % pour les communes !
On le voit ce n’est pas le territoire d’implantation des machines qui est le mieux récompensé.
Et monsieur le Maire ?
Ses intentions sont bonnes. Confronté à des problèmes de financement il cherche des solutions.
Celle de l’éolien présente pourtant quelques inconvénients : certaines subventions vont baisser et des charges nouvelles comme l’entretien des accès vont apparaître. Si les éoliennes sont abandonnées dans 15 ans il faudra gérer un énorme dossier contentieux et le maire et son conseil resteront dans l’esprit des populations ceux qui ont été à l’origine des nuisances et des divisions.
Et que penser du devoir citoyen ?
Bien sûr un des arguments forts de l’énergie dite renouvelable c’est de penser aux générations futures, préoccupation on ne peut plus louable. A ce sujet des chiffres et une citation.
Des chiffres :
Fin 2016 la puissance éolienne installée représentait 12 000 MW, il est prévu 15 000 MW en 2018, 20000 en 2021, 40 à 45 000 en 2030 selon les prévisions des promoteurs et du gouvernement. Mais en raison d’un rendement de 24% 20 000 MW c’est l’équivalent de 5 000 MW utiles. Pour atteindre l’objectif de 2030 il faudrait truffer la France de 20 000 éoliennes au lieu de 7 000 à fin 2016 et créer pour leur raccordement 4 000 km de nouvelles lignes à haute tension dont le coût est estimé à 40 milliards d’euros. Et toute cette mise en œuvre extraordinairement coûteuse pour aboutir à la production de 15% du total de notre électricité !
Entre 2015 et 2016 les rejets de CO2 générés par la production d’électricité ont augmenté de 21,7%. C’est la production électrique des centrales à gaz qui a le plus augmenté (+ 54,8%) entre 2014 et 2105, elle s’est élevé à 22,1 TWH soit 4% du mix national, légèrement plus élevé que celui de la production éolienne.
Actuellement la France avec 95% d’énergie décarbonnée pour la production d’électricité occupe le 2e rang dans le monde derrière le Québec. Mais la nécessité de coupler la production éolienne à celle des centrales thermiques à flamme pour palier leur intermittence va dégrader cette position.
Le développement de l’éolien propose donc des résultats très décevants pour un coût très élevé qui entraîne un affaiblissement des ressources à consacrer à la recherche d’autres solutions (la pile à hydrogène en est une qui permettra d’alimenter des trains, des voitures et bientôt des maisons) et l’affaiblissement dangereux d’EDF qui il y a peu était considérée comme une des meilleures entreprises du monde (elle à perdu ces derniers temps près de 50% de sa valeur boursière) pas de quoi réjouir ses 150 000 salariés.
La citation : c’est celle de Nicolas Hulot en 2005
« Au départ l’énergie éolienne est une très bonne idée mais à l’arrivée c’est une réalisation tragique. Si on nous disait au moins que cela permettrait de fermer des centrales. Mais cela n’est pas le cas. Cela peut dénaturer des paysages pour des résultats finalement incertains. En bref c’est simplement de l’habillage. »
Il n’y a donc pas de raison que le citoyen se sente coupable en s’opposant à la tromperie qu’on lui propose.
Il pourra aussi se réjouir de la moindre mortalité des oiseaux (les sociétés ornithologiques Espagnoles estiment que de 400 000 à 1 500 000 oiseaux migrateurs sont tués chaque année par les éoliennes).
Quant au groupement international des (dits) experts du climat (GIEC), une seule de ses prédictions suffit à le discréditer et à montrer l’ampleur de ses manipulations : Il prévoit qu’en 2050 la part de l’énergie d’origine renouvelable sera dans le monde de 50%.
Or l’Agence Internationale de l’énergie qui produit régulièrement des statistiques établies de manière très rigoureuse prévoit, elle que cette part atteindra au mieux pour le solaire et l’éolien 6 à 7%. Un écart plus qu’énorme ! Un gouffre tel, qu’il discrédite totalement la prédiction du GIEC !
Jean-Pierre Robin, délégué de Sites & Monuments pour l’Eure-et-Loir
Le 27 octobre 2017