Les bâches géantes installées sur les monuments historiques en travaux, pollution visuelle tournante, dégradent par leur démesure notre environnement urbain ainsi que les symboles véhiculés par les monuments qui les reçoivent.
La publicité est pourtant en principe interdite sur les monuments historiques depuis une loi du 20 avril 1910, votée à l’instigation du président de la SPPEF d’alors, le député Charles Beauquier, texte aujourd’hui intégré à l’article L. 581-4 du code de l’environnement.
Cette nuisance devient moins supportable encore lorsque les publicités géantes portent atteinte à la mémoire des lieux qui les accueillent. C’est le cas de la colonne de Juillet, nécropole accueillant les morts des Révolutions de 1830 (504 personnes dont les noms sont inscrits sur la colonne) et de 1848 (196 personnes). Celle-ci a, en conséquence, été classée au titre des monuments historiques, "y compris [dans ses] aménagements funéraires souterrains » (voir ici).
Il nous semble peu digne, afin d’attirer des annonceurs en quête de "jeunes, early adopters, touristes, CSP + », de "vendre" la colonne de Juillet comme un « monument historique, dédié à la mémoire de la révolution de 1830, symbole d’union nationale et d’émotion collective » tout en faisant état d’un « lieu chargé d’Histoire, symbole de la République […] » (Source JC Decaux Artvertising). Certains symboles ne peuvent être commercialisés...
La publicité est d’ailleurs en principe interdite dans les cimetières par le code de l’environnement (voir article R. 581-22 du code de l’environnement), tandis que les tombes sont protégées par le code pénal (voir article 225-17 du code pénal). Sites & Monuments se joint ainsi à la plainte symbolique pour profanation de sépultures déposée par l’association Résistance à l’Agression Publicitaire (voir ici).
Une solution durable et pérenne pour l’ensemble des monuments historiques en travaux serait de rapprocher la publicité d’un acte de mécénat, en plafonnant sa dimension en valeur absolue sur les bâches et en la restreignant au logo des marques associées à la restauration (la publicité pour un produit serait ainsi prohibée). Cette solution équilibrée, proposée en décembre 2016 au ministère de la culture, pourrait être mise en oeuvre par simple décret (voir ici).
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