Communiqué du 10 décembre 2016
Ce samedi 10 décembre, les associations ont repris symboliquement la Bastille pour dénoncer le scandale des bâches publicitaires sur les monuments historiques. Elles demandent à la ministre de la Culture, Audrey Azoulay, un plafonnement à 12 m²de cet affichage pour mettre fin à un gigantisme publicitaire que rien ne justifie.
Depuis début novembre, une bâche publicitaire revêt la Colonne de Juillet, allongeant ainsi la longue liste des sites actuellement touchés à Paris1. « Après l’Opéra Garnier2, on s’attaque aux tombeaux ainsi qu’aux symboles de la République » s’insurge Laurent Fetet de Paysages de France. « Bel hommage et beau respect pour les 700 révolutionnaires enterrés sous ces publicités. » En effet, l’afficheur vante l’espace publicitaire de la Bastille comme un « Monument Historique, dédié à la mémoire de la révolution de 1830, symbole d’union nationale et d’émotion collective » (voir ici).
Les 5 000 m2 de bâches publicitaires cumulés sur les monuments de Paris représentent l’équivalent du total des 350 emplacements publicitaires de 8 m² de son mobilier urbain, alors même que le code de l’environnement interdit formellement l’affichage publicitaire en ces lieux exceptionnels.
Pour Julien Lacaze, de l’association Sites & Monuments, « une opération discrète, qui s’apparenterait à du mécénat, serait une alternative crédible au système actuel, celui-là même qui dénature nos plus beaux sites urbains ». Khaled Gaiji, de Résistance à l’Agression Publicitaire, ajoute que « ces affiches géantes nous habituent à des formats publicitaires imposants et donc intrusifs, en des lieux où ils sont habituellement interdits ». Stéphen Kerckhove, de l’association Agir pour l’Environnement, s’inquiète de « voir les appels à la surconsommation de plus en plus insistants à l’heure où il faudrait prôner la sobriété ». Pour Florent Compain, des Amis de la Terre, « il faudrait comparer les 10 à 12 millions d’euros perçus chaque année pour ces bâches3 avec l’évasion fiscale de certains des annonceurs qui s’y affichent ! »
Les associations ont donc réagi en apposant deux banderoles sur la palissade du chantier de la Bastille : "Stop pub monumentales" et "Débâchons la Bastille", pour accompagner leur proposition de modification4.
Nous demandons à Audrey Azouley de terminer son mandat en rendant le financement des travaux par la publicité compatible avec son objet patrimonial. Notre proposition commune de plafonnement, simple à mettre en oeuvre, ne demande pas de débats parlementaires et peut notamment s’inscrire dans le cadre des décrets d’application de la loi Création et Patrimoine5.
Contacts presse :
Sites & Monuments, Julien Lacaze : 06 24 33 58 41
Paysages de France, Pierre-Jean Delahousse : 06 88 44 26 91
Résistance à l’agression publicitaire, Khaled Gaiji : 06 76 34 86 49
1 - « Publicités géantes, grande roue et baraquements, c’est Paris aujourd’hui », La Tribune de l’art, 29/16/2016
2 - « L’art est partout, il est dans tout : dans la rue comme dans le musée, et je dénie le droit que s’arrogent quatre ou cinq industriels de maculer avec leurs enseignes outrecuidantes la ville qui abrite un million d’habitants » Charles Garnier, La Gazette des beaux-arts, 1er décembre 1871, Les affiches agaçantes
3 - « Fin des bâches publicitaires sur les monuments classés : pas tous d’accord », Le Moniteur, 23 mars 2015.
4 - Lettre à Audrey Azoulay du 8 décembre 2016
5 - Cette proposition a été communiquée au ministère par Sites & Monuments dans le cadre de l’élaboration des décrets de la loi Création et Patrimoine (voir ici)
Paris, le 10 décembre 2016