Grand Débat (transition énergétique & fiscalité) : Supprimons les subventions pseudo-écologiques allouées à l’éolien et au PVC

Sites & Monuments (SPPEF) est une association nationale de protection du patrimoine naturel et culturel fondée en 1901, reconnue d’utilité publique en 1936 et agréée pour la protection de l’environnement depuis 1978.

La Cour des Comptes a fait état dans son rapport du 18 avril 2018 d’un soutien financier public de 121 milliards engagés jusqu’en 2045 pour développer les énergies intermittentes solaires et éoliennes par l’effet de compléments de rémunération. A quoi il convient d’ajouter 25 milliards d’appels d’offres liés à l’éolien offshore, ainsi que les 6 à 7 milliards de soutien annuels prévus par le Gouvernement dans son projet de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) 2019-2028. Soit un total de 205 milliards engagés, total minimal excluant notamment le coût des capacités de substitution rendues nécessaires par l’intermittence de ces énergies. 

En Corse, depuis la plage de L’Argentella, ruines du château du prince Pierre sur fond d’éoliennes. Photo Julien Lacaze.

Dans le même temps, la rénovation énergétique des bâtiments (ceux antérieurs à 1948 représentant seulement le tiers des logements) concerne le plus souvent le remplacement des portes et fenêtres, pour un montant annuel subventionné de 900 millions d’euros (octroi d’un crédit d’impôt pour la transition écologique dit CITE). Les portes, fenêtres et volets isolants représentaient ainsi 56,5 % des travaux réalisés éligibles au CITE en 2016 et un montant de 900 millions d’euros de dépense fiscale en 2017 (630 millions pour les fenêtres, 113 millions pour les portes et 136 millions pour les volets), alors que ces ouvertures ne sont responsables dans le bâti ancien que d’environ 12 % des pertes thermiques et contribuent au bon renouvellement de l’air des logements. 

Ces deux dépenses, financées par le contribuable (notamment par la contribution climat énergie incluse dans la TICPE), sont unies par un caractère faussement écologique aujourd’hui parfaitement établi. L’intermittence des éoliennes les condamne en effet à n’être que d’éternels doublons des énergies électriques pilotables (nucléaire et hydraulique), secteur déjà décarbonné à plus de 90%, tandis que le remplacement des portes et fenêtres est la dépense la moins utile à la performance thermique des logements (l’isolation des combles, représentant 30 % des déperditions thermiques, ou l’installation d’une chaudière à haute performance énergétique étant de très loin préférables).

Le secteur éolien, comme celui de la menuiserie PVC, sont en outre fort peu écologiques par les matériaux qu’il mettent en œuvre (terres rares pour le premier, pétrole pour le second), largement importés, comme par leur durée de vie très réduite : traditionnellement 20 ans pour les éoliennes, contre 60 ans pour les installations nucléaires et plus encore pour l’hydraulique ; entre 10 et 20 ans pour les fermetures en PVC, contrairement aux menuiseries traditionnelles, pluricentenaires pour certaines. Cela posera à terme d’importants problèmes de recyclage. Ces secteurs causent au demeurant déjà de nombreux problèmes environnementaux : pour l’éolien, destruction de la faune et pollution sonore ; pour le PVC, pollution intérieure et moisissure des logements par excès d’étanchéité, voire fumées toxiques en cas d’incendie...

Châteauroux (Indre), hôtel particulier dénaturé par le renouvellement intégral de son second oeuvre (fenêtres, volets en PVC et bloc porte préfabriqué). Photo J. Lacaze / Sites & Monuments

Éolien et PVC ont surtout pour point commun d’enlaidir considérablement les paysages ainsi que les constructions des territoires ruraux qu’ils banalisent par leur esthétique industrielle et stéréotypée. De précieuses menuiseries des siècles précédents disparaissent en outre irrémédiablement dans les broyeuses (une porte est l’âme d’une maison), alors qu’une démarche qualitative de restauration et d’amélioration de leurs performances thermiques est très généralement possible. On déplore ainsi que le programme ATHEBA d’« Amélioration thermique du bâti ancien » n’ait jamais été mis en oeuvre malgré son élaboration par les ministères de l’Ecologie et de la Culture et d’importantes associations. En définitive, l’abondance des éoliennes, comme des fermetures en PVC, est un marqueur tangible de la paupérisation des territoires.

Ces deux secteurs sont liés à d’importants lobbys, s’imposant à l’intérêt général par leur force marketing et médiatique. Particulièrement visibles, ils sont malheureusement devenus les symboles des énergies renouvelables comme de la performance thermique, à tort puisqu’ils n’ont aucune efficacité économique ni environnementale. Le fait que le Gouvernement ait dû rétablir en décembre 2018 le CITE pour le remplacement des portes et fenêtres, pourtant exclues du dispositif en juillet 2018 faute de résultats écologiques probants, est particulièrement révélateur.

Le Gouvernement doit par conséquent se ressaisir rapidement dans l’intérêt de l’environnement, des finances publiques et de la beauté de notre pays, en supprimant toute subvention directe ou indirecte aux secteurs éolien et de la menuiserie PVC. Ces subventions, dont les filières éoliennes et du PVC n’ont nul besoin puisqu’elles sont déclarées matures, pourraient être allouées à la recherche en matière d’énergies renouvelables et de sécurité nucléaire. Elles pourraient également être affectées à l’aménagement du territoire et compenser la baisse des dotations de l’Etat aux communes.

Nous disons finalement :
NON à l’instrumentalisation du réchauffement climatique à des fins mercantiles ; NON à l’enlaidissement subventionné de notre pays ; OUI à la recherche en matière d’énergies propres et efficaces ; OUI à une défense globale de l’environnement incluant paysages et esthétique urbaine !

Sites & Monuments, association nationale reconnue d’utilité publique agréée pour la protection de l’environnement

Dépôt effectué sur le site granddebat.fr le 18 mars 2019 à 12:11 (fiscalité) et à 12:20 (transition écologique)

Consulter aussi notre contribution intitulée Pour une refonte de la politique patrimoniale du ministère de la Culture